La capacité d'un animal d'imiter les expressions faciales de ses semblables n'est pas une preuve d'organisation sociale complexe de cette espèce, avancent dans la revue Scientific Reports des biologistes européens et malais.

Les ours malais ont cette capacité, même si à l'état sauvage ils vivent en solitaire plutôt qu'en groupe. Jusqu'à maintenant, l'imitation des mimiques faciales n'avait été observée que chez les espèces vivant en groupe comme les singes, et certaines qui vivent en contact étroit avec les humains, comme les chiens.

« Imiter les expressions faciales d'autrui de manière exacte est l'un des piliers de la communication humaine », expliquent les auteurs dans l'étude. « Seuls les humains et les grands singes ont cette capacité au même degré que les ours malais. » Les grands singes sont une catégorie dont font partie le gorille, le chimpanzé et l'orang-outang, entre autres.

L'imitation des mimiques de leurs congénères par les ours malais est très sophistiquée, allant jusqu'à lever le nez et froncer l'aile nasale. Certaines mimiques surviennent plus souvent lors de jeux plus agressifs entre ours malais, pour une raison inconnue.

La prochaine étape est de comprendre la signification de cette imitation et des mimiques. Les chercheurs qualifient de « fascinant » cette capacité d'imitation, proposant que le caractère peu sociable à l'état naturel de l'ours malais signifie que l'imitation des mimiques faciales pourrait être plus répandue que prévue chez les mammifères.

Les chercheurs ont enregistré par vidéo une douzaine de paires d'ours malais à un centre de conservation à Bornéo, en Malaisie. Cette espèce, dont le nombre d'individus est inconnu mais en décroissance selon l'ONG WWF, est présente dans tout le Sud-Est asiatique, du Bangladesh à l'Indonésie. C'est la plus petite espèce d'ours, mesurant 1,5 mètre et pesant 75 kilos au maximum.