(Cap Canaveral et Washington) Le géant aérospatial Boeing a échoué vendredi à envoyer sa nouvelle capsule Starliner vers la Station spatiale internationale (ISS), lors d’un vol d’essai sans équipage. Après cette erreur d’orbite, la NASA doit décider si elle fera confiance au véhicule pour y placer ses astronautes en 2020.

Une fusée Atlas V avait décollé sans problème de Cap Canaveral avant l’aube, et Starliner, fixée à son sommet, s’était détachée un quart d’heure après. Mais les moteurs de la capsule ne se sont pas allumés comme prévu, et cette dernière n’a donc pas pu se placer sur la bonne trajectoire pour rattraper l’ISS, qui file en orbite terrestre à 400 km d’altitude environ.

Ayant manqué la fenêtre et consommé trop de carburant en tentant de corriger la position automatiquement, Starliner va donc être ramenée prématurément pour atterrir dimanche dans le désert de White Sands, au Nouveau-Mexique, a annoncé un dirigeant de Boeing lors d’une conférence de presse au centre spatial Kennedy, trois heures après le lancement.

«C’était absolument la bonne décision», a abondé Jim Bridenstine, administrateur de la NASA, qui a tweeté plus tard, reconfirmant la décision par écrit : «Starliner ne s’amarrera pas à la Station spatiale et reviendra à White Sands dimanche».

Cette mission test, la première en orbite, était cruciale à la fois pour la réputation de Boeing, ternie par les déboires de son avion 737 MAX, et pour la fierté nationale américaine. 

Depuis la fin des navettes spatiales en 2011, la NASA dépend des Russes pour envoyer ses astronautes dans l’espace. Washington est pressé de rompre cette dépendance. Les sociétés rivales Boeing et SpaceX sont censées prendre le relais en 2020 avec leurs capsules.

La NASA doit désormais décider de maintenir ou reporter le premier vol habité de Starliner, qui était prévu jusqu’à présent début 2020, sans date précise.

Les responsables de l’agence et de Boeing ont insisté sur le fait que Starliner était en bon état et sous contrôle, qu’aucun astronaute à bord n’aurait été mis en danger, et qu’un test d’amarrage à l’ISS n’était pas requis pour l’homologation.

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Atlas V a décollé tôt ce matin, depuis Cap Canaveral, en Floride.

«Tout cela est très positif, en général», a assuré Jim Bridenstine. «Je ne dis ni oui, ni non, il est encore trop tôt» pour trancher pour le premier vol habité.

«Nous aurions pu déclencher cette poussée manuellement», a aussi expliqué Nicole Mann, l’une des trois astronautes prévus pour cette première mission habitée, qui a renouvelé sa confiance dans l’appareil. «Nous avons hâte de voler à bord de Starliner».

La solution SpaceX

L’anomalie s’est produite dans le compteur embarqué de «temps écoulé» dans la mission. Ayant un horaire erroné, Starliner n’a pas effectué la poussée au moment où elle devait la déclencher, peu après s’être détachée de la fusée.

Quand les ingénieurs ont tenté de corriger le problème manuellement, la capsule ne pouvait pas recevoir la commande directement car elle se trouvait en transition entre deux satellites de communication.

Quand le contrôle a été repris, les équipes ont jugé qu’il ne restait plus assez de propulseur pour poursuivre la mission et tenter l’amarrage avec l’ISS, qui était prévu samedi.

«Nous ne comprenons pas encore la cause initiale», a dit Jim Chilton, vice-président pour l’espace de Boeing.

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Sous Barack Obama, l’agence spatiale américaine avait passé des contrats de milliards de dollars avec Boeing et SpaceX pour qu’elles construisent des capsules made in USA. Après deux ans de retard, le programme aboutit enfin, mais l’homologation des véhicules dépend des derniers tests.

SpaceX a déjà passé l’étape que Boeing tentait de franchir avec cette mission. La capsule Crew Dragon de la société d’Elon Musk a réalisé un aller-retour sans accroc avec l’ISS en mars, avec un mannequin à son bord.  Elle doit cependant encore confirmer des tests de parachutes.

C’est l’avantage d’avoir choisi deux partenaires séparés, a noté Jim Bridenstine. Si un véhicule a un problème, l’autre peut continuer à servir la NASA.

Ces programmes sont distincts du projet Artemis de retour sur la Lune d’ici à 2024, qui se fera avec une troisième capsule adaptée à des voyages plus profonds dans l’espace, Orion, construite par Lockheed Martin.