La sonde lunaire indienne Vikram doit atterrir ce vendredi à 16 h près du pôle sud de la Lune, ce qui fera de l’Inde la 4e nation à se poser sur l’astre. Elle emporte un robot motorisé et des instruments jamais utilisés à cet endroit, qui lui permettront de confirmer qu’il existe de l’eau glacée. Cela pourrait permettre l’établissement d’une base lunaire.  

Un record polaire

La sonde Vikram établira un record lunaire : elle se posera à 71 degrés de latitude, beaucoup plus près du pôle Sud que les autres sondes lunaires. La sonde chinoise Chang’e 4 avait le record avec 45 degrés de latitude, en janvier dernier. La sonde la plus méridionale américaine est Surveyor 7, avec 41 degrés en 1968. Le froid du pôle sud lunaire permet probablement l’existence d’eau liquide, dont l’existence pourrait être confirmée par Vikram, son robot motorisé Pragyan ou l’orbiteur Chandrayaan-2, qui est arrivé à la Lune le 20 août après 29 jours de voyage. Vikram doit se poser sur un plateau entre deux cratères appelés Manzinus C et Simpelius N, situés à 600 km du pôle sud.

Radar et infrarouge

 Les deux instruments les plus importants de la mission Chandrayaan-2, un mot qui signifie « chariot lunaire », se trouvent sur l’orbiteur, selon Ryan Watkins, spécialiste de la Lune à l’Institut de science planétaire, une ONG de l’Arizona. Le radar a deux fréquences, ce qui va l’aider à explorer les côtés des cratères qui ne voient jamais la lumière du soleil, où de la glace pourrait exister. Le spectromètre infrarouge va « voir » jusqu’à une longueur d’ondes de cinq microns, davantage que les orbiteurs précédents, ce qui permettra de mieux mesurer les composés volatils près du sol lunaire, notamment l’hydrogène et le dioxyde de carbone indicateurs de l’eau glacée sublimée. « Ça va aussi permettre de voir la conductivité électrique de l’intérieur de la Lune, ce qui va aider à calculer le profil de température, la variation de température avec la profondeur », dit Mme Watkins.

14 jours

Le froid intense qui règne près du pôle Sud de notre satellite va avoir raison des piles de Vikram et de Pragyan en un jour lunaire, 14 jours terrestres. Pragyan, un mot qui signifie « sagesse », devrait pouvoir parcourir 500 mètres durant ce délai. Vikram signifie « valeureux ». La mission a coûté 150 millions $ US selon Space.com. À titre de comparaison, la mission chinoise Chang’e 4, qui comportait aussi un atterrisseur, mais pas de robot motorisé, a coûté 180 millions$US, alors que la dernière mission lunaire américaine, l’impacteur Ladee, a coûté 280 millions$US en 2013. L’un des instruments de Vikram a été fourni par la NASA.

La conquête lunaire de l’Inde en date

1975 : Lancement du premier satellite indien, sur une fusée soviétique

1979 : Premier lancement de satellite par une fusée indienne

1988 : Premier lancement de satellite géostationnaire par une fusée indienne

2004 : Première mission du lanceur actuel du programme spatial indien

2008 : Lancement de Chandrayaan-1, qui a été en orbite près d’un an autour de la Lune et y a lancé un impacteur pour en analyser le panache

2011 : Lancement du premier satellite du réseau de positionnement régional indien (GPS) Gagan, opérationnel depuis 2014

2013 : Lancement de Mangalyaan, un orbiteur martien qui scrute la Planète rouge depuis 2014

2019 : Lancement de Chandrayaan-2

2022 : Lancement prévu de la mission Shukrayaan-1 vers Vénus et de trois astronautes en orbite terrestre

2024 : Lancement prévu de la mission Mangalyaan-2 vers Mars

2018 : Lancement prévu de la mission interstellaire Exoworlds 

Sources : ISRO, Space.com

EN CHIFFRES

100 : nombre de satellites indiens en orbite

241 : nombre de satellites d’autres pays lancés par des fusées indiennes

SOURCE : Isro, Space.com