Plus il contient d’argent, plus un portefeuille perdu a de chances d’être remis à son propriétaire. C’est l’étonnante conclusion d’une étude menée dans une quarantaine de pays par des chercheurs d’universités américaines et suisses.

Plus de 17 000 « cobayes » avaient le choix entre garder ou pas le portefeuille trouvé par hasard, sans témoin. Certains portefeuilles étaient vides, alors que d’autres contenaient des montants d’argent variés. Dans tous les pays, sauf le Mexique et le Pérou, plus la valeur monétaire de la trouvaille augmentait, plus les individus étaient enclins à la rendre.

Au Canada, 60 % des participants ont remis le portefeuille qui contenait de l’argent. Montréal et Québec se placent au-dessus de la moyenne avec un taux de retour respectif de 69 % et 62 %. C’est le Danemark, la Nouvelle-Zélande et les Pays-Bas qui obtiennent les meilleurs scores (entre 70 % et 80 %).

Comment expliquer ce comportement inattendu, présent à peu près partout sur le globe ? Selon les chercheurs, c’est l’altruisme et la crainte de se percevoir comme un voleur qui entrent en jeu. Les participants ont déclaré que plus le montant était élevé, plus la sensation d’avoir volé les dérangeait.  

Pourtant, selon la pensée économique classique, l’intérêt personnel et l’opportunisme l’emportent sur les valeurs morales lorsque l’argent est en jeu. Ce respect de la moralité surprend les économistes interrogés par les chercheurs. La moitié d’entre eux croyaient que les participants garderaient les portefeuilles.

L’incapacité à prévoir le comportement des « cobayes » a des implications dans l’organisation de nos institutions économiques, a expliqué à La Presse Alain Cohn, à l’origine de l’étude. « Nos résultats suggèrent que ceux qui établissent les normes ont une vision pessimiste et cynique de ce qui motive les gens. »

Les résultats sont dignes d’intérêt, estiment les chercheurs. L’honnêteté reste la base de l’économie. « Sans honnêteté, les promesses sont brisées, on ne respecte pas les contrats, on ne paye pas de taxes et les gouvernements deviennent corrompus », peut-on lire dans l’article publié aujourd’hui dans la revue Science.