(Québec) Tandis que le réseau arrive à un « tournant » avec la création de Santé Québec, le ministre Christian Dubé doit en profiter pour se doter d’un « Plan santé 2.0 » axé sur la réduction de la maladie, estime l’Association pour la santé publique du Québec (ASPQ).

« On est dans un moment assez exceptionnel dans l’histoire de la santé au Québec », souligne le directeur général de l’ASPQ, Thomas Bastien.

Québec s’apprête à scinder l’imposant ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) avec la création de Santé Québec, une société d’État qui supervisera tout le volet opérationnel du réseau de la santé. Le Ministère pourra se concentrer sur la planification stratégique et la définition des grandes orientations.

L’ASPQ y voit là une occasion pour le MSSS d’accroître ses efforts pour la prévention et la réduction de la maladie avec « le vide que va laisser la création de Santé Québec au sein du Ministère ».

« Le plan actuel de M. Dubé, c’est vraiment un plan d’accompagnement des patients dans le système de santé, ça colle très bien à la peau de Santé Québec […] mais on a l’occasion en ce moment de se doter d’un plan parallèle en lien avec la réduction de la maladie, qui est très complémentaire et qui pourrait avoir des impacts significatifs », plaide M. Bastien.

L’ASPQ annonce par ailleurs la création d’une Coalition québécoise pour la réduction de la maladie dont l’objectif premier est de demander au gouvernement Legault de « reconnaître que la réduction de la maladie est l’un des piliers d’un [réseau] plus efficace, plus humain et plus résilient ».

On réclame aussi que Québec élabore un plan stratégique de la réduction de la maladie, une sorte de « Plan santé 2.0 ».

L’Assemblée nationale avait d’ailleurs adopté en 2022 une motion pour « faire de la santé publique une priorité de la refonte du système de santé ».

Nouveaux indicateurs

La Coalition – qui est composée de groupes représentant des patients, des associations médicales et des ordres professionnels – propose également au ministre de la Santé d’ajouter de nouveaux indicateurs de performance à son tableau de bord pour « observer la maladie et sa réduction ».

« On a un certain nombre de maladies qui sont présentes au Québec, on a besoin d’un portrait clair, de se doter d’indicateurs-clés qui nous permettraient de réduire le nombre de malades », soutient M. Bastien. Ce pourrait être un indicateur sur le tabagisme qui a une incidence sur le cancer du poumon, par exemple.

À l’approche du budget Girard, l’ASPQ plaide à nouveau pour le rehaussement du financement de la santé publique d’un milliard de plus par année.

L’Association souligne dans son mémoire prébudgétaire que les « investissements en santé publique sont inférieurs à 3 % des dépenses de santé au Québec alors que la moyenne canadienne est supérieure à 5 % ».

Dans son rapport sur les soins et services aux aînés pendant la pandémie, déposé en janvier 2022, la commissaire à la santé et au bien-être, Joanne Castonguay, avait fait le constat que le Québec est l’un des États qui dépensent le moins par habitant en santé publique. Suivant ce rapport, le gouvernement Legault a investi une somme de 235,9 millions sur quatre ans pour « rehausser les interventions de prévention en santé ».