Les urgences de l’hôpital de Rivière-Rouge, situé dans les Laurentides, devront rester ouvertes 24 heures sur 24, a tranché la Cour d’appel du Québec, évitant de justesse la fermeture de soir et de nuit qui devait avoir lieu dès le 1er février.

En décembre dernier, le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) des Laurentides avait annoncé qu’en raison du manque de personnel, les services de l’urgence de l’hôpital de Rivière-Rouge seraient offerts de 8 h à 20 h à compter du 1er février.

La Cour d’appel du Québec a annoncé jeudi que les urgences devront rester ouvertes en tout temps jusqu’au 19 février.

Dans un courriel, le CISSS des Laurentides a indiqué qu’il déployait « tous les efforts nécessaires afin de respecter cette ordonnance en faisant appel à la contribution de toute personne formée qui pourrait prêter main-forte à l’équipe en place et ainsi nous permettre de dispenser des services sécuritaires durant la nuit ».

Le CISSS a indiqué qu’un appel au personnel a été réalisé maintes fois au cours des derniers mois, mais que « cela n’a pas permis de recruter suffisamment de personnel afin de garantir les services à l’urgence de Rivière-Rouge entre 20 h et 8 h ».

Cette situation se déroule dans un contexte de manque critique de personnel pouvant assumer ce travail.

CISSS des Laurentides

Me Carl-Éric Therrien, avocat pour la demanderesse, a fait savoir qu’il avait reçu lundi une injonction défavorable puisqu’il ne respectait que trois des quatre critères pour une injonction. Il a demandé à la Cour d’appel un sursis à la fermeture du dossier.

La demanderesse a réussi à démontrer qu’il y a une urgence de la situation pour intervenir. Elle a aussi fait valoir qu’il y a une apparence de droit sérieuse, prétendant qu’il y a des droits qui sont dévolus en fonction de la loi sur la santé et les services sociaux.

Me Therrien a aussi démontré que le cas respecte le critère de préjudice irréparable, c’est-à-dire que si une ordonnance est accordée, des préjudices irréparables pourraient être subis.

Toutefois, la juge de première instance a déclaré que le CISSS Laurentides est censé agir dans l’intérêt du public, faisant en sorte que la demanderesse ne respectait pas le critère sur la balance des inconvénients de l’ordonnance. Les parties retourneront en cour le 19 février pour étudier ce critère.

Me Therrien a déclaré que la décision redonnait espoir aux citoyens de Rivière-Rouge, qui auraient dû parcourir au minimum une soixantaine de kilomètres pour se rendre aux urgences les plus proches.

Il a notamment discuté au téléphone avec une cliente atteinte du cancer du sein qui a besoin de se rendre fréquemment aux urgences. Elle était heureuse de la nouvelle, même si « le chemin du combattant est loin d’être fini », a mentionné Me Therrien au bout du fil.

Mercredi, les trois partis d’opposition ont demandé au ministre de la Santé, Christian Dubé, de revenir sur la décision du CISSS des Laurentides de fermer l’urgence entre 20 h et 8 h.

Une pétition pour garder l’urgence ouverte lancée par le Comité 24 h Urgence, ayant récolté plus de 8500 signatures, a été déposée par le responsable de Québec solidaire en matière de santé, Vincent Marissal.

Il a dit qu’il partageait l’inquiétude de la population de la Vallée de la Rouge, « qui est sur le point de perdre l’accès à un service essentiel ». Il a dénoncé dans un communiqué que parcourir la nuit 80 km pour se rendre à Sainte-Agathe ou 60 km pour se rendre à Mont-Laurier, « ça n’a pas d’allure ».

M. Marissal a par ailleurs souligné que ces deux urgences figurent parmi les plus achalandées au Québec.