L’Unité Le Jardin, un centre hébergeant neuf enfants lourdement handicapés à Laval, est de nouveau en crise. Des enquêtes sont en cours à la suite de récentes allégations de maltraitance subie par des jeunes parmi les plus vulnérables de la société, a appris La Presse.

Le Service de police de Laval a confirmé jeudi qu’une enquête avait été ouverte concernant quatre dossiers de maltraitance à l’Unité Le Jardin. Les faits se seraient produits de mars à novembre 2023. Le corps policier n’a pas voulu donner plus de détails pour protéger l’enquête en cours.

Directeur général adjoint du CISSS de Laval, Majorik Bouchard affirme avoir reçu dernièrement de « nouvelles informations contenant des éléments préoccupants » au sujet de l’Unité Le Jardin. Sans pouvoir préciser la teneur de ces informations, M. Bouchard affirme que celles-ci sont suffisamment graves pour que l’implantation de nouvelles mesures soit nécessaire.

Depuis jeudi, un gestionnaire est notamment sur place 24 heures sur 24 pour veiller à la qualité des soins dans l’établissement, qui accueille des jeunes de 7 à 15 ans présentant différents handicaps lourds et souvent un trouble du spectre de l’autisme.

Le CISSS de Laval veut aussi se débarrasser le plus rapidement possible de la main-d’œuvre indépendante à l’Unité Le Jardin. « On vise une stabilité optimale du personnel », dit M. Bouchard. Les travailleurs d’agence représentent actuellement de 80 % à 90 % des travailleurs dans l’établissement.

Dans une lettre envoyée à ses employés jeudi, le CISSS de Laval a lancé un appel à tous afin de trouver des volontaires pour couvrir tous les quarts de travail à l’Unité Le Jardin. On indiquait chercher notamment des gestionnaires, des éducateurs, des agents d’intervention, des préposés aux bénéficiaires et des infirmières.

Déjà des alertes en mai

C’est la deuxième fois cette année que des informations troublantes émergent de l’Unité Le Jardin. En mai dernier, devant des « situations préoccupantes », le CISSS de Laval avait déjà dû agir. Les résidants avaient notamment été déplacés dans une unité rénovée et mieux adaptée. Du personnel clinique avait été ajouté.

La gestion de l’Unité Le Jardin avait aussi été retirée à la Direction des programmes de déficience intellectuelle, trouble du spectre de l’autisme et déficience physique (DI-TSA-DP) pour être confiée à la Direction du programme jeunesse (DPJe) du CISSS de Laval. En novembre, la Direction DI-TSA-DP, dont « la gouvernance a été restructurée », a toutefois repris la gouverne de l’Unité Le Jardin.

Quand on lui souligne que malgré les mesures prises depuis mai, la situation continue d’être problématique à l’Unité Le Jardin, M. Bouchard affirme que « les mesures prises étaient les bonnes ». Mais « force est d’admettre qu’avec les nouvelles informations qu’on a reçues, on doit en ajouter, effectivement », dit-il. À compter de lundi, une nouvelle directrice, Stéphanie Lavoie, prendra la tête de la Direction DI-TSA-DP, affirme M. Bouchard.

Fermeture éventuelle

Au moment de son ouverture il y a quatre ans, l’Unité Le Jardin devait accueillir des enfants de façon temporaire. Éventuellement, l’objectif du CISSS de Laval est de fermer cette ressource « par attrition » et de « trouver un autre milieu de vie dans la communauté » pour les pensionnaires, note M. Bouchard.

Au Service de police de Laval, on indique que par souci de transparence, c’est la DPJ de Montréal qui s’occupera du volet protection de la jeunesse dans ce dossier, puisque la DPJ de Laval relève du CISSS de Laval.

Une autre résidence du CISSS de Laval accueillant 42 personnes lourdement handicapées ou présentant des troubles graves du comportement, la résidence Louise-Vachon, avait aussi fait les manchettes l’an dernier à la suite d’allégations de maltraitance contre des usagers. Le CISSS de Laval avait mené une enquête interne et suspendu une demi-douzaine d’employés. Trois employés avaient aussi été accusés de voies de fait et d’agression armée, mais ont finalement été acquittés en juin dernier.