(Québec) Pour éviter le bâillon, le gouvernement Legault propose de prolonger la session parlementaire jusqu’à jeudi prochain pour adopter la vaste réforme du ministre Christian Dubé. Or, le Parti québécois, qui ne voulait pas de date butoir, a fait avorter la démarche.

Cette « main tendue » à l’opposition survient alors que la Coalition avenir Québec (CAQ) affronte un vent de face depuis les derniers mois, avec une popularité qui s’effrite selon les sondages.

« Les collègues des oppositions nous ont demandé de prolonger la session relativement au projet de loi 15. On est ouvert à le faire […], mais il faut que ça se termine jeudi », a expliqué le leader parlementaire du gouvernement, Simon Jolin-Barrette. Mardi, le Parti libéral du Québec a proposé d’ajouter une semaine de travaux pour arriver à étudier les derniers articles importants de la réforme de M. Dubé.

La proposition du gouvernement prévoit de poursuivre l’étude détaillée de l’imposant projet de loi 15 de lundi à mercredi pour l’adopter jeudi prochain. La session parlementaire prend normalement fin ce vendredi à Québec pour la relâche des Fêtes. « On est proche du but. […] Il reste des articles à faire. Si on prend quelques jours de plus pour bien finir, tant mieux », a fait valoir le ministre de la Santé.

Il fallait que tous les partis d’opposition et les députés indépendants acceptent la proposition du gouvernement pour aller de l’avant. Or, le Parti québécois a rejetté mercredi l’invitation de la Coalition avenir Québec en raison de la date butoir fixée au 14 décembre.

« Essentiellement, c’est un bâillon déguisé. Il n’y a aucune chance qu’en trois jours, on fasse un examen sérieux et responsable des [quelque 500 articles qu’il reste à étudier] », a expliqué le chef Paul St-Pierre Plamondon. « L’offre actuelle n’est pas de siéger trois jours, c’est de siéger trois jours avec la conséquence inévitable de l’adoption jeudi, ce qui est un bâillon », a-t-il ajouté.

En fin de journée, Simon Jolin-Barrette a invité le Parti québécois « à réfléchir » s’en prenant même au député péquiste Joël Arseneau, qui est membre de la commission chargée d’étudier le projet de loi. « Il est là extrêmement rarement pour parler de ce projet de loi », a décoché le ministre. Une déclaration décriée sur les réseaux sociaux par l’équipe péquiste, qui a rappelé que leur caucus ne compte que quatre députés.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon

Les libéraux et solidaires n’étaient pas non plus prêts à s’engager à adopter le projet de loi jeudi prochain. « Ça peut se faire en trois jours, auquel cas on s’en va au Salon bleu pour l’adoption », a expliqué le chef libéral intérimaire Marc Tanguay. « On va voter contre, mais au moins, on aura fait le travail rigoureusement. Mais, ne pas être pieds et poings liés [pour le faire jeudi] », a-t-il ajouté.

« Comme le PLQ, Québec solidaire accepte de prolonger la session pour continuer d’améliorer le projet de loi 15 qui contient encore de gros problèmes, mais nous refusons que la CAQ impose une date butoir. C’est une réforme trop importante pour le Québec, prenons le temps de bien faire les choses », a indiqué pour sa part le leader parlementaire Alexandre Leduc.

Si l’impasse perdure, le gouvernement pourrait avoir recours au bâillon. Le ministre Dubé tient mordicus à ce que sa réforme soit adoptée avant les Fêtes.

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    Nombre d’articles de la version initiale du projet de loi 15. Des centaines d’amendements ont été déposées depuis le début des travaux.