(Québec) Après avoir exprimé des inquiétudes sur l’accès aux médicaments non approuvés, l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ) se dit « très à l’aise » avec les amendements proposés jeudi par Christian Dubé. L’OPQ l’invite à faire un pas de plus en créant un registre national.

L’ordre professionnel accueille favorablement les amendements présentés jeudi par le ministre de la Santé qui ont permis de « corriger » la mouture initiale du projet de loi 15 qui vise à rendre plus efficace le réseau de la santé et des services sociaux. Les parlementaires étudient ces jours-ci le volumineux texte législatif article par article dans le cadre de l’étude détaillée.

L’article 336 a été au cœur de débats houleux entre le député libéral André Fortin et le ministre Christian Dubé jeudi. Cet article prévoit que désormais le comité de pharmacologie d’un hôpital « ne peut accorder son autorisation » pour l’utilisation d’un médicament si l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) a déjà fourni un avis défavorable sur sa valeur thérapeutique.

On parle ici de « médicaments de nécessité particulière » c’est-à-dire de médicaments non disponibles sur la liste du ministre ou n’ayant pas reçu d’avis de conformité du gouvernement du fédéral.

La Presse rapportait jeudi que le Regroupement québécois des maladies orphelines (RQMO) partage les préoccupations du député libéral André Fortin, qui craint que la réforme Dubé « complique » l’accès aux médicaments non approuvés en imposant « un fardeau incroyable » aux médecins traitants. (LIEN)

L’Ordre des pharmaciens du Québec est d’avis que le projet de loi initial « restreignait trop l’accès » à ces médicaments, a indiqué le président, Jean-François Desgagné, vendredi.

Devant les inquiétudes, M. Dubé a présenté un amendement prévoyant une exception « si la prise de médicament ne peut être retardée » sans risque de conduire à « une détérioration irréversible » de l’état du patient (article 336,1). Cet amendement a été adopté jeudi.

« On parle de situations très particulières, très pointues », a indiqué M. Desgagné.

L’article [336,1] vient déterminer très clairement la trajectoire que les thérapeutes, les médecins vont pouvoir emprunter pour l’accès à un médicament, dans des situations particulières. Cet article-là corrige la situation initiale.

Jean-François Desgagné, président de l’Ordre des pharmaciens du Québec

Dans un mémoire déposé au printemps, l’OPQ écrivait que « dans un monde idéal, on pourrait envisager de ne s’en tenir qu’aux recommandations de l’INESSS en matière d’utilisation des médicaments, mais que dans les faits, les connaissances et la littérature scientifique évoluent plus rapidement que la capacité des autorités à émettre de nouvelles recommandations ».

On ajoutait alors que de « s’en tenir aux recommandations [de l’INESSS] risquerait de priver certains patients de traitements dont l’efficacité est démontrée ».

Création d’un registre national

L’Ordre invite maintenant le ministre Dubé à faire un pas de plus en créant un registre national des autorisations d’utilisation des médicaments de nécessité particulière, ce qui permettrait de répertorier les demandes acceptées à travers le Québec. Ce registre pourrait être consulté par les chefs de département de pharmacie et directeurs des soins et services pharmaceutiques.

« Un registre permettrait d’avoir des dossiers d’expérience et d’avoir un peu de recul par rapport à ces situations [particulières], on croit à ça beaucoup […] On vit dans un monde de données et d’information. Je pense que mes collègues de partout au Québec seraient probablement contents de savoir que ce type d’information est disponible, ça faciliterait définitivement la vie des médecins », souligne M. Desgagné.

Selon M. Desgagné, cette mesure pourrait d’ailleurs faire l’objet d’une directive ministérielle.