(Québec) Le ministre Christian Dubé rejette la demande des gestionnaires du réseau de la santé qui réclament des cibles plus progressives pour mettre fin au recours aux agences de placement. Selon eux, la transition prévue est « trop abrupte » et risque de provoquer des ruptures de services.

« On n’est pas là en ce moment, pas du tout. Pas besoin de penser comme ça », a lancé le ministre de la Santé à son arrivée au Conseil des ministres, mercredi. Il répondait à la possibilité d’ajouter des cibles intérimaires pour sevrer le réseau de la santé des agences de placement de main-d’œuvre. Pour l’heure, trois grandes cibles sont prévues pour abolir leur présence d’ici 2026.

Or, selon l’Association des gestionnaires des établissements de santé et de services sociaux (AGESSS), cette transition est « trop abrupte » et risque de « déstabiliser » les conditions de travail des employés, comme le rapportait La Presse mardi.

Cette mise en garde a été lancée dans le cadre des consultations sur le projet de règlement, publié cet été, et qui vient encadrer plusieurs dispositions de la nouvelle loi. Le projet de loi 10 visant à éliminer le recours aux agences de placement de personnel dans le réseau de la santé d’ici 2026 a été adopté en février.

L’AGESSS recommande notamment à Québec de fixer des cibles limitant progressivement le nombre d’heures réalisées par du personnel d’agence plutôt que de « l’interdire intégralement à partir d’une date fixe et variable en fonction des régions ».

L’AGESSS ne remet pas en question l’échéance ultime fixée à 2026, mais elle estime que sa proposition pourrait amoindrir les impacts des changements sur le personnel et les gestionnaires qui « subissent déjà de la pression et une surcharge de travail ».

Le ministre Dubé n’en voit pas la nécessité pour l’instant expliquant que le choix de procéder par règlement lui offre justement une plus grande flexibilité. « Par exemple si octobre 2024, c’était trop tôt, on s’ajusterait. Mais en ce moment, je ne vois pas pourquoi on changerait [nos cibles] », a-t-il ajouté. Le plan proposé par Québec est graduel en fonction des régions. Il va comme suit :

Date à partir de laquelle il sera interdit pour un établissement santé d’avoir recours à de la main-d’œuvre indépendante :

  • 20 octobre 2024 : Montréal, Laval, Montérégie, Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches
  • 19 octobre 2025 : Saguenay–Lac-Saint-Jean, Mauricie et Centre-du-Québec, Estrie, Lanaudière et Laurentides
  • 18 octobre 2026 : Bas-Saint-Laurent, Outaouais, Abitibi-Témiscamingue, Côte-Nord, Nord-du-Québec, Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine et Nunavik

Les consultations sur le projet de règlement se terminaient lundi. C’est le Conseil des ministres qui édictera ensuite le règlement final, ce qui doit survenir d’ici le 3 octobre, a précisé M. Dubé. Le projet de règlement vient également définir les nouveaux tarifs plafonds – essentiellement ceux qui étaient en vigueur pendant la pandémie – que devront respecter les agences.