(Montréal) Un peu moins de 130 pédiatres canadiens ont pris en charge au cours des 24 derniers mois au moins un jeune âgé de 12 ans et plus qui avait été victime d’une surdose grave ou potentiellement mortelle d’opioïdes, de stimulants ou de sédatifs, révèle un nouveau sondage de la Société canadienne de pédiatrie.

Un millier de pédiatres ont participé à l’enquête. La vaste majorité d’entre eux, soit 934 médecins, ont indiqué s’occuper d’enfants et d’adolescents de 12 ans et plus, et 14 % de ceux-ci ont révélé avoir soigné au moins une surdose au cours des deux dernières années.

Les réponses fournies par ces 128 médecins révèlent qu’environ 60 % d’entre eux ont été confrontés à des surdoses de stimulants et de sédatifs, et qu’environ la moitié ont dû prendre en charge un patient victime d’une surdose d’opioïdes.

Au total, ces médecins ont vu 636 cas de surdose au cours des deux dernières années. On peut toutefois supposer qu’il ne s’agit que de la pointe de l’iceberg.

Ces chiffres, estime ainsi la Société canadienne de pédiatrie, sont inquiétants « sur le plan populationnel, notamment parce que ces données n’incluent pas les enfants et les adolescents qui n’ont pas obtenu de soins pédiatriques après une surdose ni ceux qui ont obtenu des soins d’un dispensateur de soins non pédiatriques ».

Les pédiatres et les autres professionnels de la santé pédiatrique ont souvent l’impression que le problème des surdoses n’est pas un problème pédiatrique, a rappelé le docteur Nicholas Chadi, un spécialiste de la médecine de l’adolescence et un chercheur spécialisé en toxicomanie au CHU Sainte-Justine.

« Mais ce qu’on est en train de voir dans l’Ouest du Canada, c’est vraiment une tendance épidémiologique alarmante, a-t-il prévenu. La première cause de mortalité chez les adolescents, ce sont les surdoses. C’est vrai en Colombie-Britannique, ça commence à être vrai dans d’autres provinces de l’Ouest, et c’est quelque chose qui pourrait certainement arriver éventuellement au Québec. »

Les surdoses aux substances, a-t-il ajouté, sont devenues « un problème pédiatrique d’avant-plan » et il est impératif que les pédiatres soient en mesure non seulement d’aider à prévenir ces situations, mais aussi de traiter de manière appropriée les jeunes qui se présentent à l’urgence des hôpitaux.

Malheureusement, a dit le docteur Chadi, les pédiatres ne sont souvent pas formés pour reconnaître et prendre en charge des surdoses chez leurs patients.

« Il y a une possibilité que ça ne soit pas reconnu ou pas reconnu assez rapidement, a-t-il souligné. Il faut agir très rapidement pour renverser les effets d’une surdose aux opiacés. Des sondages comme celui-ci prouvent que les pédiatres n’ont pas le choix de s’informer, de s’éduquer, puis d’être prêts à intervenir. »