Les centres de santé de plusieurs villages du Nunavik sont fermés à tous les cas non urgents, depuis la mi-juillet, alors que la région est aux prises avec une flambée record de tuberculose.

Une grave pénurie de main-d’œuvre empêche le système de santé local, déjà extrêmement fragile en temps normal, d’opérer comme à l’habitude. Une situation qui peut favoriser la propagation de la maladie, de l’aveu même des autorités.

« À cause d’un manque d’employés, les CLSC/dispensaires de la côte de la baie d’Hudson seront fermés cette semaine. Aucune consultation ne sera offerte et seules les urgences seront accueillies », a indiqué le réseau de santé local sur les réseaux sociaux, le 17 juillet. « Restez en sécurité. Ne prenez pas de risques inutiles. »

Lundi dernier, l’organisation a annoncé que trois dispensaires pourraient rouvrir, mais que quatre autres resteraient fermés.

Les 14 villages inuits du Nunavik sont isolés les uns des autres et ne sont accessibles qu’en avion. Chaque village a son dispensaire.

La région combat actuellement une forte éclosion de tuberculose, une grave maladie pulmonaire normalement associée au tiers-monde. Elle peut être mortelle si elle n’est pas traitée rapidement. Le manque de logements au Nunavik force les Inuits à vivre entassés les uns sur les autres, ce qui permet à la tuberculose de prospérer dans la région.

Au moins 61 personnes ont reçu un diagnostic de tuberculose depuis le début de l’année et 5 villages sont considérés comme « en éclosion ». Si la tendance se maintient, 2023 marquera un nouveau record récent pour la propagation de la maladie.

Un frein aux interventions

La fermeture des dispensaires risque de nuire aux efforts de lutte contre l’éclosion actuelle, selon la Régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik.

« Les suivis des cas et des contacts sont maintenus, mais des délais dans les enquêtes et les capacités de réaliser le travail sont observés », a indiqué l’organisation, dans un courriel non signé.

« Le manque de ressources [est] un frein au déploiement intensif des interventions visant à limiter la propagation de la tuberculose, comme le dépistage ou l’approfondissement des enquêtes », peut-on lire. « Les enjeux de personnel représentent une contrainte omniprésente dans la lutte contre la tuberculose au Nunavik, avec laquelle composer. »

Les autorités sanitaires de la côte de la baie d’Hudson ont d’ailleurs instauré des « mesures exceptionnelles » pour attirer du personnel pour l’été. Le personnel infirmier « qui offre des disponibilités supplémentaires […] reçoit [une somme] forfaitaire de 1000 $ par période de deux semaines », en plus d’une prime de 15 %. La semaine précédente, on annonçait des « primes nordiques rehaussées : environ 1000 $/semaine ».