La saturation des hôpitaux pédiatriques s’observe aussi à l'étranger. Comme au Québec, l’Allemagne, la France et les États-Unis connaissent un engorgement de leurs services d’urgence pour les enfants. En cause, ce que beaucoup appellent déjà la « triple épidémie ».

« Achalandage extrême à l’urgence ». Ce sont les premiers mots qu’affichait le site internet de l’hôpital Saint-Justine de Montréal, vendredi.

Cet engorgement s’observe ailleurs qu’au Québec. Les virus responsables de l’augmentation des admissions se diffusent au-delà des frontières physiques. Parmi eux, le bien connu coronavirus responsable de la COVID-19, mais aussi le virus respiratoire syncytial (VRS) et le virus de la grippe.

États-Unis 

De l’autre côté de la frontière, la COVID-19, la grippe et l’infection par le VRS sont aussi responsables d’une forte augmentation de la fréquentation des hôpitaux. Mark Wietecha, à la tête de l’Association des hôpitaux pour enfants, et Mark Del Monte, qui dirige l’Académie de pédiatrie américaine, demandent au président Joe Biden et au secrétaire à la santé Xavier Beccera de déclarer l’état d’urgence. « À travers le pays, plus des trois quarts des lits d’hôpitaux pédiatriques sont occupés », ont-ils souligné.

Ce bilan semble confirmé par la mort mardi dernier de cinq enfants californiens, selon la déclaration du département de Santé publique de Californie relayée par le New York Times. Ils avaient attrapé à la fois le VRS et le virus de la grippe.

Allemagne

Outre-Atlantique, une « situation catastrophique » touche aussi l’Allemagne, selon l’Association interdisciplinaire allemande pour les soins intensifs et les urgences médicales (DIVI). Des choix doivent être faits quant à l’attribution des lits de soins intensifs et des enfants doivent être déplacés d’hôpital en hôpital.

« Si les prévisions sont justes, les choses devraient empirer dans les jours et semaines à venir », a déclaré Sebastian Brenner, chef des soins intensifs pédiatriques de l’hôpital universitaire de Dresde interrogé par la chaîne allemande n-tv.

En réaction, le ministre de la Santé, Karl Lauterbach, a annoncé jeudi l’investissement de 600 millions d’euros supplémentaires dans les services pédiatriques durant les deux prochaines années, selon l’Associated Press.

France

Dans l’Hexagone comme au Québec, la bronchiolite (infection des bronchioles) due au VRS fait des ravages. Cette maladie respiratoire touche particulièrement les enfants, en particulier les nouveau-nés. Le bulletin hebdomadaire de Santé publique France (APF) répertorie pas moins de 8647 admissions aux urgences pour bronchiolite durant la semaine du 21 au 27 novembre.

Parmi ces admissions, 3007 ont mené à des hospitalisations, soit 1029 hospitalisations de plus que durant la semaine du 24 au 30 octobre.

Pour faire face, le ministère de la Santé français a annoncé il y a trois semaines l’utilisation d’un plan d’urgence nommé ORSAN, servant à faciliter la coordination des services de santé. Il avait déjà été déclenché en 2020 pour la prise en charge de la COVID-19.

La France déplore aussi une augmentation de cas de COVID-19 et de grippe. Le nombre de personnes déclarées positives à la COVID-19 était de 48 629 vendredi, ce qui représente une augmentation de 46 % par rapport à la semaine précédente, selon l’Agence France-Presse. Si le virus est rarement grave chez l’enfant, cette augmentation devrait tout de même contribuer à engorger les hôpitaux. « Ce n’est pas très étonnant, car cette période de l’année est la plus favorable aux transmissions de virus », a expliqué à l’AFP Pascal Crépey, épidémiologiste à l’École des hautes études de santé publique. Cette transmission aurait commencé plus tôt qu’à l’habitude, selon Santé publique France, qui indique dans son bilan de la semaine du 21 au 27 novembre « une augmentation précoce des indicateurs de la grippe ».