Au Québec, près de 8 % des enfants et jeunes adultes sont médicamentés pour traiter le trouble du déficit de l’attention. C’est près du double de la moyenne canadienne. Et la prescription de psychostimulants chez les moins de 25 ans est en hausse constante depuis 20 ans, révèle un nouveau rapport de l’Institut national de santé publique du Québec.

Plus précisément, les prescriptions de médicaments pour traiter le trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ont bondi de 1,9 % à 7,7 % entre 2000 et 2020, selon le rapport dévoilé vendredi.

Les données ont été tirées du Système intégré de surveillance des maladies du Québec, et concernent les jeunes de moins de 25 ans inscrits au régime public d’assurance médicaments.

« Ça ne me surprend pas vraiment », affirme le DBenoît Hammarrenger, neuropsychologue et auteur d’un ouvrage sur le TDAH.

« L’augmentation des ordonnances vient avec une augmentation marquée de la connaissance qu’on a du TDAH », explique le directeur de la Clinique d’évaluation et réadaptation cognitive (CERC).

Au début des années 2000, le nombre d’ordonnances était inférieur à ce qu’il aurait dû être, affirme-t-il. « On avait à ce moment-là des enfants avec un TDAH non médicamenté », dit-il.

Vingt ans plus tard, c’est l’inverse. Des enfants qui ne devraient pas être traités se voient tout de même prescrire des psychostimulants, remarque le DHammarrenger.

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Le Québec se démarque aussi du reste du pays.

En comparaison, 4 % des jeunes de moins de 25 ans étaient médicamentés pour traiter le TDAH au Canada en 2017-2018, selon une étude de l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux.

« Mon impression personnelle, c’est qu’au Québec, il y a peut-être eu une surmédiatisation autour du TDAH […], [de sorte] qu’on voit le TDAH un peu partout », explique le neuropsychologue. Et plusieurs symptômes peuvent ressembler à ceux d’un trouble de l’attention, sans toutefois en être.

Soulignons aussi que l’étude ne précise pas la proportion des enfants et des jeunes adultes qui ont reçu un diagnostic de TDAH, « qui est probablement plus élevé » que 7,7 %, soutient le DHammarrenger.

Disparités régionales

Les garçons sont plus nombreux à prendre des psychostimulants – de loin le type de médicament le plus fréquemment prescrit pour traiter le TDAH – que les filles, soit 9,6 % contre 5,8 % en 2019-2020.

Le taux de prescription varie aussi considérablement selon les régions. Dans l’est du Québec, c’est jusqu’à 14 % des jeunes qui ont reçu une ordonnance, contre seulement 3 % à Montréal.

Des disparités qui peuvent témoigner d’un manque de ressources professionnelles hors des grands centres, avance le DBenoît Hammarrenger.

Dominique Simard, directrice de l’Association PANDA Saguenay–Lac-Saint-Jean, qui vient en aide aux personnes atteintes de TDAH, est du même avis.

« En région, c’est l’omnipraticien qui va prescrire avec des grilles d’observation, alors qu’en région métropolitaine, on a accès à plus de professionnels qui sont aptes à poser des diagnostics plus approfondis », affirme Mme Simard, qui juge « inquiétante » la hausse constante du recours aux psychostimulants.

« La médicamentation n’est pas l’unique solution. Parfois, on a besoin d’un petit coup de pouce, mais ce n’est pas une pilule magique. Il faut adopter d’autres stratégies », par exemple le contrôle des émotions, une meilleure hygiène de vie ou encore la communication positive, dit-elle.

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  • 56 080
    Nombre de personnes de moins de 24 ans qui ont reçu une prescription de médicaments pour TDAH en 2019-2020 au Québec
    Institut national de santé publique du Québec