Un cas probable de variole simienne a été détecté chez un enfant en bas âge à Montréal, une première au Canada, selon des experts qui ne s’entendent pas sur l’impact potentiel de ce nouveau développement de l’épidémie.

La Santé publique de Montréal a confirmé que le cas a été détecté chez un bambin âgé de 0 à 4 ans.

Pour des raisons de confidentialité, il n’a pas été possible d’obtenir plus de détails quant à l’état de santé de l’enfant ou encore aux circonstances ayant mené à son infection.

Si le cas est toujours considéré comme « probable », c’est qu’on attend les résultats de tests menés dans un laboratoire de Winnipeg, mais les chances sont très élevées qu’il soit confirmé, a indiqué un porte-parole de la Santé publique de Montréal, Francis Picard.

Un premier cas au pays ?

Selon deux experts consultés par La Presse, il pourrait s’agir du premier cas détecté chez un enfant en bas âge au pays. Cette nouvelle survient aussi quelques heures seulement après qu’un premier décès possiblement causé par la variole simienne a été enregistré aux États-Unis depuis le début de l’épidémie récente.

Lisez l’article « Variole simienne : un possible premier décès au pays »

Face à une croyance tenace voulant que la variole simienne se transmette uniquement par contacts sexuels, l’infectiologue et microbiologiste au Centre universitaire de santé McGill Donald Vinh insiste pour rappeler que le virus peut aussi s’attraper par contact prolongé auprès d’une personne ou encore d’objets contaminés.

On sait que le contact direct, ce n’est pas nécessairement avec quelqu’un, mais il pourrait aussi se faire avec du liquide biologique, soit sur les bobos, mais sur des vêtements, et la literie aussi qui pourrait être contaminée.

Donald Vinh, infectiologue et microbiologiste au Centre universitaire de santé McGill

Bien qu’on dispose toujours de peu de détails sur la façon dont le bambin pourrait avoir contracté le virus, le professeur-chercheur spécialisé en immunologie et virologie à l’Institut national de la recherche scientifique Alain Lamarre soupçonne lui aussi un contact prolongé « avec une personne infectée ou bien une personne qui aurait eu des contacts répétés avec un des parents de l’enfant ».

Selon Donald Vinh, ce nouveau cas chez un enfant en bas âge est de mauvais augure pour la suite des choses. Les autorités devraient mettre en place des protocoles d’intervention en vue d’éclosions dans des milieux scolaires, croit-il.

« Si ça se retrouve dans des écoles, il sera trop tard. On ne peut pas se fier uniquement aux enseignants qui sont déjà débordés pour inspecter tous les enfants. Les parents ne savent pas quoi faire non plus », dit-il.

Sur la bonne voie

Selon Alain Lamarre, il s’agit toutefois d’un « cas isolé » qui survient au moment où l’épidémie de variole simienne s’essouffle au pays.

Ça reste très peu fréquent [chez des enfants en bas âge]. Les mesures actuelles mises en place par la Santé publique fonctionnent. L’épidémie est sous contrôle au Canada. On est sur la bonne voie.

Alain Lamarre, professeur-chercheur spécialisé en immunologie et virologie à l’Institut national de la recherche scientifique

Rappelons que les symptômes rapportés de la variole simienne consistent principalement en des lésions cutanées à la bouche et aux organes génitaux. Dans la majorité des cas, la maladie se résout d’elle-même en deux à quatre semaines, mais dans des cas très rares, de graves complications peuvent survenir.

Au Québec, un vaccin est offert pour combattre la variole simienne. Il est toutefois réservé à certaines catégories de la population ciblée par la Santé publique.

Avec l’Agence France-Presse