Le nombre de patients orphelins atteint un nouveau sommet.

Le gouvernement Legault est en voie de rater son objectif de donner accès à un médecin de famille à 250 000 Québécois d’ici le 31 juillet prochain, au moment où la liste d’attente ne cesse de gonfler.

Selon les chiffres dévoilés mardi sur le Tableau de bord – performance du réseau de la santé et des services sociaux, pas moins de 1 088 945 demandes étaient en attente au Guichet d’accès à un médecin de famille (GAMF) en date du 30 juin, un record depuis l’élection de la Coalition avenir Québec en 2018.

Or, au moment de conclure une entente de principe en mai dernier avec la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec, le gouvernement Legault s’était donné comme cible de retirer 250 000 patients de cette liste d’ici le 31 juillet.

« D’ici le 31 juillet, c’est bientôt, le 31 juillet 2022, il va y avoir 250 000 Québécois de plus qui vont avoir un médecin de famille, puis, d’ici le 31 mars 2023, 500 000 », avait alors affirmé le premier ministre au Salon bleu, révélant ainsi une première cible de la mise en œuvre de cette nouvelle entente de principe.

Pas moins de 990 395 patients orphelins étaient alors inscrits sur la liste d’attente du GAMF. Deux mois plus tard, force est de constater que ce chiffre n’a fait qu’augmenter.

Pendant ce temps, le rythme d’inscription n’a pas connu l’élan espéré, alors qu’à peine 32 952 Québécois ont pu se faire désigner un médecin de famille depuis deux mois, soit 17 925 en mai et 15 027 en juin.

Québec garde le cap

Conséquemment, le nombre de Québécois inscrits auprès d’un médecin de famille a reculé à 6 446 551. Il faut remonter à la période prépandémie, soit en février 2019, pour retrouver un chiffre aussi bas qu’à la fin du mois de juin ; 6 446 652 Québécois étaient alors inscrits auprès d’un médecin de famille.

Malgré tout, le gouvernement Legault affirme qu’il atteindra son objectif d’inscrire 250 000 patients supplémentaires d’ici le 31 juillet.

« Actuellement, les indications que nous avons sont à l’effet que nous allons dans la bonne direction pour l’atteinte des cibles de l’entente. Ces informations paraîtront dans les deux prochaines mises à jour du tableau de bord public », a indiqué le directeur adjoint du cabinet du ministre de la Santé, Sylvain Gobeil.

De plus, 250 000 patients orphelins supplémentaires se verront désigner un médecin de famille d’ici au 31 mars 2023, pour un total de 500 000, ajoute-t-il.

« De la poudre aux yeux »

Pour la cheffe de l’opposition officielle, Dominique Anglade, ce discours est « de la poudre aux yeux ». Elle reproche au premier ministre du Québec, François Legault, « d’accepter l’inacceptable ».

On en voit les conséquences partout dans nos urgences qui sont bondées de monde, les gens ne sont pas capables d’avoir de rendez-vous avec un médecin, ils n’en sont tout simplement pas capables.

Dominique Anglade, cheffe de l’opposition officielle

Mme Anglade cite notamment le cas d’une mère rencontrée à Bromont dont l’enfant de 10 mois n’a jamais pu voir de médecin.

Selon ce qu’avait expliqué le président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), le DMarc-André Amyot, le 30 mai dernier, après la signature d’une entente avec le gouvernement, l’objectif est que les groupes de médecine de famille (GMF) de la province se soient engagés à offrir 250 000 visites aux patients orphelins grâce au guichet d’accès à la première ligne (GAP).

Ce nouveau mécanisme vise à offrir une solution de rechange aux patients orphelins et à les orienter vers le bon professionnel, au bon endroit.

Or, selon la cheffe libérale, Dominique Anglade, « ce n’est pas du tout la même chose » qu’une prise en charge par un médecin de famille.

« L’entente avec la FMOQ dit qu’un patient qui s’inscrit n’aura pas un médecin de famille, mais aura droit à un rendez-vous. La personne qui est inscrite rentre dans un processus, mais n’a pas un médecin qui la prend en charge [en fin de compte] », déplore-t-elle.

Non seulement ce qu’ils proposent, ce n’est pas une prise en charge, mais la liste [d’attente] continue d’augmenter.

Dominique Anglade, cheffe de l’opposition officielle

Le déploiement du GAP se poursuit

Entre-temps, Québec poursuit le déploiement des guichets d’accès à la première ligne (GAP) à travers la province.

En date du 14 juillet, 48 des 92 territoires devant ultimement être desservis par un GAP l’étaient. « L’implantation de ces guichets d’accès à la première ligne est un changement majeur, car auparavant, ces personnes n’avaient que trop peu d’options pour avoir un service de première ligne avec un professionnel de la santé », explique Sylvain Gobeil.

« Actuellement, on constate que plus de 40 % des appels dans les guichets d’accès à la première ligne ne nécessitent pas de visite [auprès d’un médecin] », ajoute-t-il.