Depuis l’automne 2020, les 310 CHSLD publics de la province peuvent compter sur un coordonnateur local qui s’implique dans la gestion quotidienne de chaque établissement. Au CHSLD du Chevalier-De Lévis, à Longueuil, cette nomination a facilité la vie de plusieurs résidants et employés.

Dolorès Lavoie habite le CHSLD du Chevalier-De Lévis depuis six ans. Elle a vécu l’époque d’avant 2020, où un seul coordonnateur veillait sur quatre CHSLD du secteur, dont le sien. Depuis octobre 2020, Geneviève Bureau a été nommée comme coordonnatrice locale. Tous les jours de la semaine, la gestionnaire est présente dans l’établissement et gère tous les petits problèmes qui peuvent se présenter.

« Quand tu as besoin de quelque chose ou que tu as un problème, tu vas la voir, et tout se règle », affirme Mme Lavoie. La résidante explique, par exemple, qu’il arrive que l’appareil permettant de la transférer de son fauteuil roulant à son lit brise. Ou que la machine à glace de son étage s’enraye. « Je vais la voir [Geneviève Bureau], et tout s’arrange », témoigne Mme Lavoie. Et avant, comment c’était ? « On attendait ! », lance la résidante en riant.

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Un corridor du CHSLD Chevalier-de-Lévis, à Longueuil.

Le travail de Geneviève Bureau consiste à veiller à la qualité des soins donnés aux 146 résidants du CHSLD du Chevalier-De Lévis. Aussi à s’assurer qu’il y ait suffisamment de personnel en place, à communiquer avec les familles et les résidants ainsi qu’à superviser la prévention et le contrôle des infections. Parfois, elle peut aussi régler des problèmes plus simples, comme déplacer une poubelle à l’extérieur ou installer des tablettes à des endroits stratégiques dans l’établissement.

Moins de délais

Après la première vague de COVID-19, qui a causé une véritable hécatombe dans les CHSLD du Québec, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a demandé qu’un coordonnateur soit embauché dans chaque CHSLD de la province.

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Marcelle Pierre, préposée aux bénéficiaires, discute avec Geneviève Bureau, coordonnatrice du CHSLD du Chevalier-De Lévis à Longueuil.

Infirmière de formation et anciennement cheffe d’unité en CHSLD, Geneviève Bureau estime qu’avoir un gestionnaire sur place permet de « régler plus rapidement les problèmes ». « Si j’ai une unité en éclosion et que je dois remplacer les plateaux-repas réutilisables par des plateaux jetables, avant, comme chef d’unité, je n’avais pas l’autorité pour demander aux cuisines de faire le changement. Je devais faire la demande au coordonnateur qui, malgré sa bonne volonté, n’était pas toujours sur place. Il faisait cheminer la demande. Maintenant, je traverse le corridor, je fais la demande directement, et tout se met en place assez vite », explique-t-elle.

« Il y avait plus de bureaucratie avant, affirme Caroline Barbeau, cheffe d’unité au CHSLD du Chevalier-De Lévis. Maintenant, il y a clairement moins de délais. »

Selon Mme Bureau, l’un des avantages d’avoir un coordonnateur local est que tant les familles que les employés et les résidants peuvent directement l’interpeller. « Ils nous voient. On est là. Et ils viennent nous voir avec leurs demandes. On est au courant de ce qui se passe dans notre centre », dit-elle.

« [D]ans la bonne direction »

Coprésidente de la Communauté de pratique des médecins en CHSLD, la Dre Sophie Zhang indique que la présence d’un gestionnaire responsable par CHSLD « fait consensus » dans le réseau. « Cela améliore l’organisation des soins et des services, notamment la gestion des éclosions, et la fluidité des communications », précise-t-elle. La Dre Zhang souligne toutefois que la collaboration entre le personnel clinique et administratif n’est pas encore rodée dans tous les CHSLD. « Mais nous sommes dans la bonne direction », dit-elle.

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Un corridor du CHSLD Chevalier-de-Lévis, à Longueuil.

La Dre Zhang affirme que plus de ressources matérielles et financières seront nécessaires afin d’arriver à une « vraie gestion décentralisée » et à ce que les CHSLD ne soient pas « noyés dans la grosse structure des CISSS et CIUSSS, qui a encore trop tendance à être hospitalo-centrique ».

La Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), qui représente nombre de préposés aux bénéficiaires de CHSLD, relève quant à elle que si « toute aide est la bienvenue, plusieurs syndicats indiquent ne pas avoir vu beaucoup de différence » à la suite de l’arrivée des gestionnaires locaux. Certains syndicats rapportent une meilleure organisation du travail, mais le quotidien des travailleurs reste sensiblement le même, indique le porte-parole Hubert Forcier.

La Dre Zhang tient d’ailleurs à préciser que si la présence de gestionnaires locaux est positive, elle « ne réglera pas complètement la pénurie des ressources humaines » qui touche les CHSLD de la province. Dolorès Lavoie le constate. Si la résidante n’a que de bons mots pour les membres du personnel au CHSLD du Chevalier-De Lévis, elle estime qu’ils ne sont « pas assez ».

Plus de temps pour les résidants

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Mme Ricard en conversation avec Caroline Barbeau, cheffe d’unité au CHSLD du Chevalier-De Lévis.

Caroline Barbeau affirme quant à elle que l’arrivée d’une coordonnatrice a allégé le travail des chefs d’unité, qui ont plus de temps à consacrer aux résidants et en passent moins à gérer des problèmes. Il faut dire que le CHSLD du Chevalier-De Lévis compte maintenant trois chefs d’unité plutôt que deux.

« Avant, on était plus dans la gestion de crise. Maintenant, on a plus de temps pour s’asseoir avec les familles, faire de la formation avec les équipes, valoriser le travail des infirmières et des préposés », énumère Mme Barbeau.

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Caroline Barbeau, cheffe d’unité au CHSLD Chevalier-de-Lévis

Préposée aux bénéficiaires au CHSLD du Chevalier-De Lévis depuis 13 ans, Marcelle Pierre affirme que, selon elle, le plus grand bénéfice d’avoir une gestionnaire locale est la proximité. « Les suivis sont plus rapides », dit-elle.

En faisant visiter le CHSLD à l’équipe de La Presse, Geneviève Bureau réalise en sortant d’un ascenseur qu’il fait trop chaud. Elle s’en excuse. « Je vais aller voir la maintenance et régler ça tout de suite. Vous voyez, c’est un exemple concret de ce qui peut se faire maintenant », lance-t-elle.