(Québec) Héma-Québec, qui a pour mission d’approvisionner les établissements de santé de la province en sang et en produits biologiques d’origine humaine, permet désormais aux hommes gais – ou plus précisément aux hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes – de faire des dons de plasma.

La nouvelle, confirmée vendredi, est la conclusion d’une demande faite par Héma-Québec à Santé Canada l’an dernier. Cette avancée exclut toujours le don de sang pour les hommes dont la dernière relation sexuelle avec un autre homme remonte à moins de trois mois.

Dans un communiqué, vendredi, Héma-Québec a qualifié l’annonce de « changement historique ». Du côté de l’organisme RÉZO, qui développe et coordonne depuis 1991 des activités d’éducation et de prévention du VIH et des autres infections transmises sexuellement pour les hommes gais et bisexuels, l’assouplissement réglementaire pour le don de sang commence à tarder.

« Cette décision permettra à Héma-Québec d’abandonner l’actuelle période d’exclusion du don de plasma de trois mois pour tous les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes et qui sont sexuellement actifs. L’admissibilité au don de plasma sera ainsi fondée sur une évaluation individualisée des comportements à risque, plutôt que sur l’appartenance de la personne à un groupe considéré [comme] à risque », explique pour sa part Héma-Québec.

« La nouvelle approche fait en sorte que toute personne – quel que soit son sexe ou son genre – qui se présentera pour donner du plasma se verra demander si elle a eu des rapports sexuels et, le cas échéant, quels ont été ses comportements sexuels récents. Les hommes ayant eu le même partenaire sexuel au cours des trois derniers mois pourront se qualifier au don, dans la mesure où ils se conformeront aux autres critères de sélection », poursuit l’organisme.

Pourquoi exclure le don de sang ?

Permettre aux hommes gais ou ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes de donner du sang est une demande historique des groupes LGBTQ+. Dans son communiqué publié vendredi, Héma-Québec répond que « la transformation du plasma destiné à la fabrication de médicaments comporte des mesures de sécurité supplémentaires, que l’on ne retrouve pas pour les dons de sang et de plaquettes ». L’organisme précise aussi que « la nouvelle approche vise en ce sens également à recueillir des données probantes qui permettront, dans une deuxième phase, d’étendre la mesure aux dons de sang et de plaquettes ».

« Héma-Québec est favorable à de nouveaux assouplissements, dans la mesure où de nouvelles données probantes sur le plan scientifique seront disponibles et que la sécurité des produits est démontrée », lit-on par ailleurs sur son site internet.

Le directeur général par intérim de l’organisme RÉZO, Alexandre Dumont Blais, souligne que la nouvelle réglementation pour le don de plasma est un premier pas, mais « qu’on est loin du fil d’arrivée » en ce qui concerne le don de sang.

« Le fait de dire à un homme qui a des relations avec un autre homme qu’il ne peut pas donner du sang, c’est mettre tous ces hommes dans un même panier, [comme s’ils avaient] tous des relations à risque. C’est dangereux et discriminatoire », affirme-t-il.

Au Royaume-Uni, par exemple, les hommes gais ou bisexuels ayant un partenaire sexuel stable depuis au moins trois mois peuvent donner du sang, selon les politiques établies par la Santé publique britannique.

En attente de Santé Canada

L’automne dernier, la Société canadienne du sang a demandé à Santé Canada de retirer les éléments portant sur le genre ou l’orientation sexuelle dans ses questionnaires destinés aux donneurs, pour les remplacer par des questions sur l’historique sexuel et les comportements sexuels.

La Société attend toujours une réponse de Santé Canada à ce sujet, a-t-elle confirmé vendredi. « Les comportements sexuels et non l’orientation déterminent le niveau de risque de transmission du VIH. Les critères que nous proposons visent à identifier de manière précise et fiable les personnes à risque d’être porteuses d’une infection transmissible par le sang », expliquait sa porte-parole Catherine Lewis l’automne dernier.

Avec La Presse Canadienne