(Québec) François Legault a affirmé mardi qu’environ « 20 % » des solutions qui seront mises de l’avant dans le plan de « refondation » du réseau de la santé « passent par le privé ». Le premier ministre a fait cette déclaration alors que l’opposition s’inquiète de la place qu’occupera le privé dans les visées du gouvernement Legault.

« Au cours des prochaines semaines, mon collègue le ministre de la Santé va déposer un plan complet. Je dirais qu’à peu près 80 % des solutions pour améliorer le système de santé, ça passe par le public. Mais, il y a un 20 %, à peu près, qui passe par le privé », a lancé M. Legault au Salon bleu où les 125 députés sont de retour depuis mardi.

Le premier ministre répondait au chef parlementaire du Parti québécois, Joël Arseneau, qui l’a accusé de se tourner vers le privé plutôt d’avoir « le courage de se tourner vers des solutions pour le public pour s’attaquer aux véritables problèmes » du réseau de la santé et des services sociaux.

« La réalité, c’est que le privé risque de faire couler le service public, le réseau public. Chaque professionnel de la santé qui va au privé, évidemment, manque au public », a déploré M. Arseneau lors de la période de questions.

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a confirmé dans différents médias en fin de semaine que le secteur privé sera mis à contribution pour effectuer notamment le rattrapage des chirurgies dans son plan de « refondation » du réseau.

Les appels d’offres seront d’ailleurs lancés au printemps pour renouveler les ententes avec les cliniques médicales spécialisées, a indiqué à La Presse la sous-ministre à la Santé, Dominique Savoie.

Le chef de cabinet du premier ministre, Martin Koskinen, a aussi indiqué à La Presse que Québec envisageait d’ouvrir plus grand la porte au privé sans que le patient ait à sortir son portefeuille pour se faire soigner.

« J’espère que le chef parlementaire du Parti québécois n’est pas contre les cliniques privées de médecins de famille. J’espère […] qu’il n’est pas contre le fait que, pendant la pandémie, on a fait faire beaucoup de chirurgies par le secteur privé, qui est venu ajouter au travail fait par le secteur public », a lancé M. Legault à son vis-à-vis. Il n’a pas précisé quelles solutions impliquant le privé pourraient être mises de l’avant.

Le ministre Christian Dubé doit présenter à la fin mars son « Plan santé » qui s’articulera autour des quatre « fondations » du réseau : les ressources humaines, les données, les réseaux informatiques et les infrastructures. M. Dubé s’attend à obtenir les sommes nécessaires à la réalisation de ses visées dans le prochain budget Girard, le 22 mars.

Mardi, Québec solidaire a aussi sonné l’alarme sur l’intention du gouvernement d’avoir recours au privé en santé. « C’est de valeur parce qu’ils vont nous trouver sur leur chemin, parce que le système de santé au Québec, il doit être public et on va le défendre. S’ils ont juste ça à proposer aux Québécois, c’est qu’ils ont démissionné, ils n’y croient plus, et c’est la preuve de leur échec », a déploré Vincent Marissal.

Le député libéral Monsef Derraji parle aussi « d’un constat d’échec » pour le gouvernement. « La solution que M. Dubé est en train de vendre sur toutes les tribunes, c’est un réveil tardif pour moi, parce que des solutions existent, mais malheureusement ils n’ont jamais pris au sérieux les problèmes de fond du réseau de la santé », a-t-il dit en mêlée de presse, mardi.