(Québec) Québec présentera jeudi le premier volet d’un tout « nouveau modèle de gestion » du réseau de la santé et des services sociaux pour faire face à la pénurie d’infirmières. Le gouvernement Legault veut enclencher une réorganisation du travail et ajouter des mesures incitatives financières pour recruter 4000 infirmières et retenir celles en poste.

Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a dans la ligne de mire le déploiement d’un tout nouveau modèle de gestion du réseau de la santé et des services sociaux. Il présentera jeudi le volet prioritaire de son plan : la pénurie de personnel. L’annonce se fera en compagnie du premier ministre François Legault.

Le « modèle » du ministre Dubé vise à recruter 4000 infirmières pour endiguer la crise de la main-d’œuvre dans le réseau alors que les travailleuses de la santé sont à bout de souffle. M. Dubé veut attirer des infirmières à la retraite et celles qui ont quitté le réseau public au cours des derniers mois. Le plan doit également permettre de retenir les travailleuses en poste.

Le réseau public doit aussi se préparer au départ de 20 000 employés, dont 10 000 qui sont en contact étroit avec des patients, qui ne seront pas pleinement vaccinés au 15 octobre avec l’entrée en vigueur de la vaccination obligatoire dans le réseau de la santé et des services sociaux.

Mesures incitatives financières

Québec veut notamment accélérer la mise en œuvre des dispositions du nouveau contrat de travail conclu avec la Fédération interprofessionnelle du Québec (FIQ) en août dernier. François Legault a aussi évoqué mardi les grandes lignes du plan de son gouvernement.

« Dans les conventions collectives qu’on vient de signer avec la FIQ et les syndicats, il est déjà prévu une réorganisation du travail, une augmentation importante du nombre de postes à temps plein, un plan pour éliminer le temps supplémentaire obligatoire, un plan pour, éventuellement, ne plus faire affaire avec des agences de placement privées. Maintenant, comment on peut accélérer cette réorganisation et ajouter des incitatifs financiers ? C’est ça qu’on va vous présenter jeudi », a-t-il expliqué.

Le premier ministre a ouvert la semaine dernière la porte à une bonification du salaire des infirmières, se disant même prêt à offrir des conditions semblables à celles du privé. Mardi, Christian Dubé a rappelé que là n’est pas le seul moyen pour retenir et attirer la main-d’œuvre dans le réseau. « Je vous dirais que les primes, c’est une chose, mais il y a une chose que les infirmières veulent et c’est un meilleur environnement de travail, et c’est ça qu’on va mettre sur la table », a-t-il dit.

« On a bien entendu, parce qu’on est sur le terrain, les demandes de la FIQ et des autres syndicats. La question du temps supplémentaire [obligatoire], la question de baisser l’utilisation des ressources externes [main-d’œuvre indépendante] », a énuméré M. Dubé. « Tout ce qu’on a entendu des demandes de la FIQ et des autres syndicats, vous pourrez voir que ça va être sur notre menu », a-t-il ajouté en mêlée de presse.

Un « modèle très décentralisé »

Christian Dubé a parlé d’un « modèle très décentralisé » avec la collaboration étroite des CIUSSS et CISSS. Il veut rapidement « faire atterrir » les dispositions du nouveau contrat de travail conclu en août avec la FIQ.

Son modèle de gestion des ressources humaines s’inspirera de la gestion de la deuxième vague de la pandémie et de la campagne de vaccination, a fait valoir M. Dubé. « On veut appliquer la même approche », a expliqué le ministre de la Santé, citant un environnement efficace où les patients « étaient même surpris que le réseau de la santé [puisse] offrir ce type de service à la clientèle ».

Le volet des ressources humaines fait partie d’un modèle de gestion plus large que souhaite développer le ministre de la Santé cette année. Un autre pan de ses visées est l’accessibilité des données et l’accès à l’information dans le réseau. Dans cette optique, M. Dubé a annoncé samedi qu’il déposera cet automne un projet de loi « mammouth » qui « va changer plusieurs lois ».