(Montréal) La présidente de la Fédération des infirmières du Québec (FIQ), Nancy Bédard, demande à rencontrer au cours des prochains jours le premier ministre François Legault et le ministre de la Santé et des Services sociaux Christian Dubé.

Mme Bédard veut réaffirmer son opposition à la prorogation du décret 007 donnant aux gestionnaires du réseau de la santé le pouvoir de suspendre ou d’annuler les périodes de vacances annuelles planifiées par le personnel du secteur de la santé.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Nancy Bédard, présidente de la FIQ

La Presse Canadienne indiquait vendredi que le ministre Dubé avait décidé de ne pas abroger cet arrêté ministériel.

La présidente de la FIQ voudrait notamment discuter de solutions de rechange qui pourraient permettre « de respecter les conditions prévues au contrat de travail des professionnelles en soins, et surtout, garantir qu’elles auront leurs vacances cet été ».

Mme Bédard a notamment rappelé que les hospitalisations sont actuellement en baisse et que le nombre de cas est stable au Québec.

« [Les infirmières] ont fui pour sauver leur peau ou elles sont tombées en arrêt de travail en raison de la surcharge de travail. La conséquence directe a été d’accentuer la pénurie de main-d’œuvre, a-t-elle déclaré par voie de communiqué. Comment le ministre de la Santé peut-il penser que sa méthode est la bonne et qu’on pourra continuer à donner des soins dans ces conditions ? »

Dans un courriel, le cabinet du ministre Dubé avait fait valoir que le réseau devait fonctionner « dans un contexte où la main-d’œuvre est limitée et que les soins aux patients doivent être assurés ». Selon lui, « cette mesure devient malheureusement incontournable dans certains établissements ».

Ce prétexte a soulevé l’ire de Mme Bédard. « Dans les échanges réguliers que nous avons eus avec le ministère depuis le mois de janvier, il n’a jamais été question que l’Arrêté 007 serait utilisé comme une menace pour annuler les vacances en cas de pénurie de personnel. » Elle a qualifié la déclaration du ministre de « douche froide ».

La FIQ accuse certains gestionnaires de ne pas se gêner pour appliquer « mur à mur » l’arrêté ministériel, citant notamment l’exemple de la Montérégie-Ouest et de Laurentides.

Devant les tribunaux

Le décret 2020-007 avait été parrainé par l’ex-ministre de la Santé, Danielle McCann, et adopté le 21 mars 2020, suspendant aussitôt l’application des conventions collectives.

Il stipule que les gestionnaires du réseau ont le pouvoir de suspendre ou d’annuler les congés de toute nature des employés, incluant les vacances déjà autorisées. Ils peuvent aussi modifier les horaires de travail. Chaque journée « régulière » de travail ne devra pas dépasser 12 heures, ce qui n’empêchera pas le temps supplémentaire obligatoire.

Par la voix de leur syndicat, les infirmières avaient décidé l’an dernier de recourir aux tribunaux pour tenter de faire annuler le décret. En juillet, la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ), qui regroupe 76 000 membres, avait déposé une requête en ce sens en Cour supérieure, une affaire toujours pendante.