Après des semaines d’accalmie, les urgences du Québec sont reprises d’assaut par les malades, alors que leur personnel est épuisé par un printemps éprouvant.

Des milliers de Québécois n’osaient pas s’approcher d’un hôpital lorsque la pandémie battait son plein, réduisant l’affluence de près de la moitié, en moyenne, de la mi-mars jusqu’à la fin d’avril.

Les taux d’occupation sont toutefois repartis à la hausse depuis le mois dernier, alors que les nouvelles étaient meilleures.

« On a remarqué une baisse importante en mars et en avril », a indiqué Marie-Claude Lacasse, porte-parole du ministère de la Santé et des Services sociaux. « Depuis le début du mois de mai, l’achalandage tendait à remonter. »

Vendredi après-midi, 14 urgences montréalaises avaient un taux d’occupation égal ou supérieur à 100 %. La situation était classée « rouge » partout autour de Montréal, de l’Estrie aux Laurentides, en passant par Laval et la Montérégie.

Sit-in à Longueuil

Dans cette dernière région, les urgences de l’hôpital Pierre-Boucher, à Longueuil, affichaient la pire situation : le taux d’occupation y était de 189 %.

En matinée, des infirmières y ont improvisé un sit-in d’un peu moins de deux heures lorsque la direction a voulu imposer des heures supplémentaires obligatoires à des employées sur le point de terminer leur quart de nuit.

« Les gens disent qu’assez, c’est assez », a affirmé en entrevue téléphonique Alexandre Bégin, président du syndicat qui les représente, affilié à la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ).

Les urgences de l’hôpital Pierre-Boucher accueillent les cas de COVID-19 depuis la mi-mars, ce qui n’a laissé que peu de répit à son personnel. « Les gens sont à bout, les congés sont partiellement refusés, alors que les gens sont épuisés », a-t-il dit. M. Bégin précise que depuis quelques jours, le personnel de première ligne voit le nombre de cas de COVID-19 hospitalisés repartir à la hausse à l’hôpital.

Les urgences de Pierre-Boucher sont « le seul endroit où il y a des sit-in de temps en temps, quand les gens sont trop en détresse » pour le CISSS de la Montérégie-Est. La direction de l’hôpital a réussi à trouver des remplaçants pour pourvoir les quarts de travail, mais les infirmières promettent de recommencer en cas de besoin.