Des infirmières qui ont travaillé plus d’heures l’été dernier à la demande du ministère de la Santé afin de prévenir les pénuries de personnel n’ont reçu leurs primes estivales qu’en décembre, a appris La Presse. Et pour certaines d’entre elles, les sommes ne leur seront remises que ce mois-ci.

« Les versements ont été reportés plusieurs fois », déplore la présidente du Syndicat des professionnelles en soins de la Mauricie et du Centre-du-Québec, Nathalie Perron.

« L’été prochain, si on nous propose une prime, c’est sûr que ça va devenir moins intéressant », note Véronique Déry, une infirmière auxiliaire de Victoriaville qui a appris hier qu’elle ne recevra l’argent de ses primes d’été qu’à la fin de janvier.

Primes pour contrer les pénuries

Pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre particulièrement prononcée durant l’été, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a implanté une prime l’été dernier pour les infirmières et les préposés aux bénéficiaires du Québec. Ceux-ci se voyaient verser 75 $ de plus pour chaque quart de travail supplémentaire réalisé à partir de leur deuxième fin de semaine de travail consécutive entre le 13 juillet et le 15 septembre.

Certaines conditions devaient toutefois être remplies. Les travailleurs ne devaient par exemple pas s’absenter 14 jours avant et 14 jours après leur quart de travail supplémentaire.

Alors que le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec avait annoncé le versement des primes d’été dès octobre, ce n’est que le 19 décembre que les primes ont finalement été remises à la majorité des 794 employés qui avaient prêté main-forte au système de santé l’été dernier.

Une situation confirmée par la porte-parole du CIUSSS, Julie Michaud : « Oui, il y a eu plusieurs reports de paiement […]. L’analyse des sommes à verser a été plus longue que prévu. Plusieurs éléments dans le système devaient être validés », explique Mme Michaud, qui précise que les dossiers devaient tous être remplis manuellement.

Toujours pas payées

Pour une minorité de travailleurs du CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec, les primes d’été n’ont été versées que le 26 décembre, reconnaît Mme Michaud. Et pour une dizaine d’autres, les primes ne sont toujours pas arrivées, estime le Syndicat des professionnelles en soins de la Mauricie et du Centre-du-Québec.

J’ai travaillé toutes les fins de semaine l’été dernier […]. Je voulais payer les cadeaux de Noël de mes enfants avec ça. […] Avoir su que c’était si compliqué d’être payée, j’aurais peut-être moins travaillé l’été dernier.

Véronique Déry, mère de trois enfants, qui a appris hier qu’elle ne recevra l’argent de ses primes d’été qu’à la fin du mois

À ce jour, le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec dit avoir reçu plus de 180 appels de travailleurs au sujet des primes d’été. Une quarantaine d’entre eux doivent toujours être rappelés pour clarifier leur situation, affirme Mme Michaud. Une rencontre entre le CIUSSS et le syndicat local de la FIQ est prévue mardi et Mme Perron dit vouloir en profiter pour clarifier la situation.

Ailleurs au Québec

En plus de la Mauricie–Centre-du-Québec, des infirmières de certains secteurs de l’Outaouais ont aussi reçu leurs primes sur le tard (en novembre). Pour le président par intérim du Syndicat des professionnelles en soins de l’Outaouais, Patrick Guay, les délais sont déplorables. « Déjà, les primes n’étaient pas très alléchantes. L’été prochain, si on en propose d’autres et que l’on sait que se faire payer sera long, ça pourrait être moins encourageant d’accepter », dit-il.