(Ottawa) Québec n’est guère « impressionné » par les « menaces » de Justin Trudeau. Celui-ci a laissé entendre que les provinces qui refuseraient l’imposition de normes nationales aux centres de soins de longue durée ne recevraient pas un sou d’Ottawa.

Le bureau du premier ministre du Québec, François Legault, a répliqué ainsi jeudi aux propos tenus la veille par M. Trudeau lors d’une entrevue de fin d’année avec La Presse Canadienne.

M. Trudeau a dit, en anglais, lors de l’entrevue, être prêt à ouvrir les cordons de sa bourse aux provinces qui sont disposées à travailler avec le gouvernement fédéral pour offrir les meilleurs standards en matière de soins pour les aînés.

Celles qui refuseront de le faire auront à répondre de leurs actes auprès de leur population, a-t-il ajouté.

« Nous avons pris connaissance des propos de M. Trudeau au cours des dernières heures. Ses menaces ne nous impressionnent pas », a écrit l’attaché de presse de M. Legault, Ewan Sauves, dans une déclaration transmise par courriel.

« La santé est une compétence qui relève entièrement du Québec, n’en déplaise à M. Trudeau », a-t-il ajouté.

M. Sauves a réitéré que les provinces et territoires forment « un front commun fort et uni, qui compte se battre jusqu’au bout pour que le gouvernement fédéral fasse sa juste part et augmente ses transferts en santé de 22 % à 35 % ».

Cette demande a été reportée aux calendes grecques par M. Trudeau, qui considère que la gestion de la crise sanitaire doit être au premier plan. Il se dit cependant prêt à débourser jusqu’à un milliard pour améliorer les centres de soins de longue durée.

Le premier ministre canadien dit vouloir offrir aux aînés le même niveau de soins, peu importe où ils se trouvent au pays.

M. Sauves estime que si le gouvernement fédéral avait augmenté sa part du financement en santé, les centres de soins de longue durée n’auraient pas été au cœur de la crise sanitaire au Québec pendant la première vague.

« Nous avons tous vécu une situation hors du commun et sans précédent. Il est clair pour le Québec que le gouvernement fédéral n’a pas à s’impliquer dans la gestion de nos CHSLD », a martelé le porte-parole de M. Legault.

Eric Montigny, professeur au département de science politique à l’Université Laval, explique qu’il est normal que le gouvernement du Québec adopte cette posture.

« Dans chaque crise, le gouvernement fédéral a tenté d’empiéter sur l’autonomie des provinces, même celle du Québec, par le passé, ce qui explique que le premier ministre du Québec doit être sur ses gardes », analyse-t-il en entrevue téléphonique.

L’expert croit que le ton risque de monter sur le financement de la santé dans les prochains mois. « C’est clair qu’il y a un affrontement qui se dessine et qui va même être un enjeu de la prochaine élection fédérale », prédit M. Montigny.