Des spécialistes de la santé ont prévenu que des conséquences inattendues pourraient découler de la COVID-19 si les gens meurent parce qu’ils ont peur de se rendre à l’urgence pour des problèmes de santé sérieux qui n’ont aucun lien avec la pandémie.

« Il y aura des dommages collatéraux. Ne vous méprenez pas », a reconnu le Dr Alan Drummond, le coprésident des affaires publiques de l’Association canadienne des médecins d’urgence.

« Dans quelle mesure ? Nous l’ignorons. Nous pourrons probablement le déterminer après que tout soit rentré dans l’ordre. C’est seulement à ce moment-là que nous connaîtrons les véritables dommages collatéraux de cette pandémie. »

De nombreux changements ont été effectués dans le système de la santé afin de le préparer à accueillir des patients atteints du nouveau coronavirus. Les médecins rejoignent leurs patients sur l’internet, les chirurgies électives sont annulées ou reportées, et les hôpitaux ont déplacé une partie de leur personnel.

Ces mesures ont permis d’offrir des lits aux patients infectés, mais M. Drummond a souligné que le système de la santé est encore capable d’accueillir des gens qui doivent se rendre à l’urgence.

La pandémie n’arrête pas les infarctus, les chutes sévères ou les hémorragies cérébrales, a rappelé M. Drummond, qui œuvre à Perth, en Ontario. Néanmoins, des gens qui doivent régulièrement rencontrer leur médecin pour assurer un suivi de leur état de santé choisissent de demeurer à la maison, a-t-il indiqué.

M. Drummond a confié que les médecins ont remarqué que les salles d’urgence partout au pays sont devenues très calmes et, lorsque des gens s’y présentent, plus souvent qu’autrement la situation est rendue critique.

« J’ai perdu ma bataille pour sauver la vie d’un patient la nuit dernière parce qu’il a attendu trop longtemps avant de se présenter à l’hôpital », a raconté le Dr Jeff Shaw, un cardiologue situé à Calgary, dans un gazouillis publié plus tôt cette semaine.

« Je sais que les gens ont peur de se rendre à l’hôpital, et d’être retournés chez eux. Mais si vous êtes malade ou que vous avez besoin d’aide, les hôpitaux sont des endroits sûrs et sont prêts à vous accueillir », a-t-il renchéri.

M. Drummond a rapporté les propos des médecins qui lui ont dit que des patients qui se présentent à l’hôpital sont préoccupés par la possibilité de contracter la COVID-19. Ils ont aussi exprimé deux autres préoccupations.

« Ils sont effrayés à mort et font de l’anxiété à l’idée de se présenter à la salle d’urgence et d’être un fardeau supplémentaire pour le système de santé ou sont préoccupés par la possibilité qu’ils puissent transmettre sans le savoir la COVID-19 au personnel médical, en dépit des tests de dépistage. »

D’ailleurs, le ministère de la Santé du Québec a remarqué une baisse significative de la fréquentation des salles d’urgence de la province.

Les hôpitaux sont sûrs et les gens devraient appeler leur médecin ou le 911 s’ils croient que quelque chose cloche avec leur santé, a mentionné M. Drummond.

Il a dit comprendre que les gens puissent être effrayés puisque l’environnement dans lequel ils se trouvent a changé de manière draconienne en raison de la pandémie. Mais plus une personne attend avant de demander de l’aide, plus les conséquences peuvent être désastreuses pour elle. Et souvent, a-t-il rappelé, ça peut entraîner la mort.

« Nous ne voulons pas que des gens meurent en ayant un faux sentiment d’avoir contribué au bien-être de la société », a-t-il conclu.