(Montréal) Les gens qui ont reçu un diagnostic de cancer auraient tout à gagner d’un programme personnalisé d’activité physique qui inclut notamment des exercices à haute intensité, affirment des chercheurs australiens.

Les recommandations des experts de l’Université du Queensland et de l’université Edith Cowan ont récemment été publiées par le Journal of Science and Medicine in Sport.

On suggérait depuis une dizaine d’années aux gens atteints d’un cancer d’adopter un programme générique d’activité physique d’intensité basse ou moyenne, composé notamment d’exercices aérobiques et/ou de résistance pratiqués de trois à cinq fois par semaine.

Les données scientifiques colligées au cours de la dernière décennie modifient ces conseils. La recherche démontre dorénavant qu’un programme personnalisé d’activité physique peut permettre de minimiser l’impact de certains des pires effets secondaires qui accompagnent les traitements, comme la fatigue, la douleur, la qualité de vie et l’anxiété.

« Ce n’est pas un one size fits all et c’est vraiment la particularité de ces recommandations-là, a commenté Isabelle Doré, qui est stagiaire postdoctorale au Centre de recherche du CHUM. [L’étude] qu’on a ici vient vraiment insister sur l’importance d’intégrer le patient dans le choix du type d’activité physique, de l’intensité de l’activité physique et de la fréquence de l’activité physique. On insiste aussi sur le fait que ce soit prétraitement, pendant le traitement, et post-traitement pour le cancer. »

L’American College of Sports Medicine proposait déjà en 2010 d’atteindre des niveaux plus élevés d’activité physique modérée et vigoureuse. L’ACSM devrait maintenant publier, d’ici quelques mois, de nouvelles lignes directrices qui emboîteront le pas aux recommandations australiennes.

Au cœur de ces recommandations se trouve l’importance de consulter le patient et de le placer au centre de la prescription d’activité physique.

« Ce qu’on indique, c’est que ça prend des professionnels de la santé […] qui sont bien formés et qui connaissent les enjeux pour formuler des recommandations qui à la fois respectent l’état physique de la personne et respectent en même temps les préférences du patient », a précisé Lise Gauvin, qui est professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.

Chose certaine, poursuit Mme Gauvin, si les gens adoptent des modes de vie plus sédentaires pendant un épisode de soins pour un cancer, on peut s’attendre que leur retour à la vie normale soit d’autant plus difficile en raison de ce qu’elle appelle leur « manque à gagner » au niveau de la forme physique. « Alors c’est intéressant de voir que les recommandations parlent d’activité physique, mais on parle aussi d’éviter la sédentarité », dit-elle.

« On dit clairement […] qu’il y a très peu de gens qui ne bénéficieraient pas de la pratique de l’activité physique, renchérit Isabelle Doré. Que peu importe le niveau de condition physique au moment du diagnostic, si l’activité physique est prescrite dans des modalités qui répondent aux capacités et à la sécurité médicale du patient, la très grande majorité des patients qui reçoivent un diagnostic de cancer pourraient bénéficier de l’activité physique. »