(Montréal) Le diabète de type 1 est souvent diagnostiqué tardivement chez les enfants au Québec, alors qu’ils sont déjà aux prises avec une complication grave de cette maladie, constatent des chercheurs de Montréal.

Une nouvelle étude menée par une équipe de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill révèle que les enfants sont de plus en plus nombreux à être déjà atteints d’acidocétose diabétique au moment où un médecin pose un diagnostic de diabète.

C’était le cas de plus de 25 % des jeunes de 1 à 17 ans en moyenne pour la période sous étude, soit de 2001 à 2014. Et cette proportion a augmenté de 2 % par année, ont constaté les chercheurs, pour atteindre 30 % en 2014.

Ce fut le cas de Sophie Roy, une adolescente active de 16 ans qui a abouti aux soins intensifs de l’hôpital. Sa mère, Josée Dufresne, croyait que sa fille souffrait des conséquences d’une malheureuse commotion cérébrale : maux de tête, nausées, perte d’appétit et une envie fréquente de boire de l’eau. Mais son état s’est détérioré à un point tel en 48 heures que l’hôpital n’était plus évitable. Résultat : acidocétose diabétique. La jeune fille était près du coma.

« On est arrivés tellement tard, déplore Mme Dufresne. Il y a eu beaucoup de signaux, mais nous, ne sachant pas que ça pouvait être associé à ça, on les associait à autre chose, à sa commotion. »

Ce problème existe bel et bien : les parents et le personnel médical ne reconnaissent pas suffisamment tôt les symptômes du diabète de type 1, a expliqué en entrevue la première auteure de l’étude, Dre Marie-Ève Robinson, une pédiatre endocrinologue ayant effectué sa formation à l’Hôpital de Montréal pour enfants au moment des travaux de recherche.

Et pourtant, il est possible de prévenir l’acidocétose diabétique, qui se développe lorsque le corps produit des niveaux élevés d’acide dans le sang, ce qui devient ensuite toxique pour le corps. Heureusement, « la plupart des enfants s’en remettent complètement », souligne Dre Robinson.

Un simple test sanguin permet pourtant de détecter le diabète. Il est alors possible d’injecter de l’insuline aux enfants et d’empêcher cette complication de se développer.

Dre Robinson voit la nécessité d’agir et de mener, au Québec, des campagnes de sensibilisation expliquant les symptômes du diabète de type 1 : une envie fréquente d’uriner, une grande soif, une perte de poids, le fait d’avoir toujours faim et une grande fatigue.

« J’aurais aimé ça le savoir, a laissé tomber en entrevue Mme Dufresne. Ça nous aurait peut-être fait allumer », a dit la femme qui a consulté pharmacien et médecin avant de se rendre d’urgence à l’hôpital. « On aurait évité la phase acidocétose qui est toxique et vraiment dangereuse. »

Sophie est depuis revenue à la normale, dit sa mère, soulagée.

Le diabète de type 1 est l’une des maladies chroniques les plus fréquentes chez l’enfant et elle touche environ 4000 jeunes au Québec.

En fait, la très grande majorité des enfants diabétiques souffrent du type 1, qui est une maladie auto-immune, partiellement d’origine génétique. Il est moins connu que le diabète de type 2, associé aux habitudes de vie comme une mauvaise alimentation et la sédentarité.

Pour en arriver à ces conclusions, les chercheurs ont analysé les données fournies par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), qui portaient essentiellement sur le diagnostic du diabète de type 1 au cours de la période comprise entre 2001 et 2014. Ils ont identifié un total de 5741 nouveaux cas de diabète chez des enfants et chez des adolescents. Dans l’ensemble, 1471 enfants étaient déjà atteints d’acidocétose diabétique au moment de leur diagnostic de diabète de type 1, avec une plus grande prévalence chez les 5 à 11 ans.

Cette étude a été publiée dans CMAJ Open.