Le gouvernement Legault n'entend pas pour le moment rembourser tous les patients qui se tournent vers le privé pour des examens médicaux, comme lui demande Ottawa.

«On a la compétence, on va gérer notre réseau de la santé comme on le pense, a déclaré le premier ministre mercredi après-midi. Ce n'est pas le fédéral qui va commencer à nous dire comment gérer le réseau de la santé.»

La ministre fédérale de la Santé, Ginette Petitpas Taylor, somme Québec de faire en sorte que les patients ne soient plus facturés pour des services diagnostiques effectués dans des cliniques privées. Dans une lettre envoyée à son ex-homologue libéral, Gaétan Barrette, elle menace de réduire les transferts en santé si Québec ne corrige pas le tir d'ici avril 2020.

Selon Mme Petitpas Taylor, ce système parallèle pour les contribuables plus fortunés est «injuste» et il contrevient à la Loi canadienne sur la santé.

M. Legault rétorque qu'Ottawa n'a pas à dire à Québec comment administrer son réseau de la santé.

«Le fédéral doit comprendre qu'en santé, comme en éducation, c'est le Québec qui a l'autorité et c'est nous qui allons décider comment on gère les réseaux, a dit M. Legault. Il n'y a aucune volonté de développer plus qu'actuellement le secteur privé. Il y a des gens qui préfèrent passer par le secteur privé pour certains examens, c'est encadré et ça va rester comme ça.»

Quelques heures plus tôt, la ministre de la Santé, Danielle McCann, a prévenu qu'il n'est «pas question de fermer des portes d'accès» au réseau de la santé en réduisant les services d'examens médicaux au privé. Bien qu'elle se dise favorable à un renforcement du réseau public, elle n'entend pas empêcher des citoyens plus fortunés de se tourner vers le privé.

«Nous ne fermons pas de porte d'accès tant que nous n'aurons pas la certitude que les Québécois vont avoir accès dans le système public, à l'IRM, par exemple», a expliqué Mme McCann.

Actuellement, environ 80% des IRM (imagerie par résonance magnétique) sont réalisées dans le réseau public, a indiqué la ministre. 

Mme McCann compte s'entretenir prochainement avec son homologue fédérale. Elle a promis de nouer une relation de collaboration avec Ottawa.

Dans l'opposition, la Coalition avenir Québec avait dénoncé la hausse des délais d'attente pour les examens diagnostiques sous le gouvernement libéral.

Le député François Paradis a reproché au ministre de la Santé de l'époque, Gaétan Barrette, d'avoir rompu sa promesse de rembourser les patients qui choisissent de se rendre dans les cliniques privées pour réaliser des échographies, des IRM ou des scans.

Le député de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a appelé le gouvernement caquiste à mettre fin au système de santé «à deux vitesses».

«C'est dommage que ça doive venir du fédéral, mais dans le fond, elle a bien raison, a dit M. Nadeau-Dubois. Le système de santé à deux vitesses, les Québécois n'en veulent pas et ce n'est pas acceptable en 2018 qu'on puisse s'acheter un accès plus rapide aux soins de santé. »