Québec et les fédérations médicales doivent renégocier les ententes afin que les hausses de rémunération promises soient annulées et que la cagnotte serve à améliorer le système de santé, propose le Regroupement des omnipraticiens pour une médecine engagée (R.O.M.E.).

« Les ententes ne passent pas dans la population. Si rien n'est fait, nous nous dirigeons vers une crise sociale et politique », a lancé son co-porte-parole, le Dr Simon-Pierre Landry, lors d'une conférence de presse mardi. Créé en 2015 pour contester la réforme Barrette, le regroupement représente 600 médecins de famille, étudiants en médecine et résidents en médecine familiale.

Il propose au gouvernement de « geler les transferts d'argent à venir liés aux ententes survenues entre le gouvernement et les deux fédérations médicales, afin d'ouvrir une nouvelle ronde de négociation basée sur l'amélioration du système de santé et des conditions d'exercice de la pratique médicale ». Concrètement, la rémunération des médecins spécialistes serait gelée et la croissance de celle des omnipraticiens serait limitée à l'inflation. M. Landry justifie la différence de traitement en disant qu'il y a un écart de rémunération entre les médecins de famille et les spécialistes et que ces derniers gagnent plus que la moyenne canadienne. L'argent doit servir « à acheter des soins de santé, et non pas à l'inflation des revenus ».

Selon le Regroupement, la majorité des médecins préféreraient un réinvestissement dans le réseau, qui « ne va pas bien et se détériore ». On pourrait embaucher des infirmières et des préposés aux bénéficiaires dans les établissements de santé et les cabinets, par exemple.

Le R.O.M.E. appelle la FMOQ et la FMSQ à soumettre à leurs membres, par vote électronique, cette question : « En ce qui a trait à la présente ronde de négociation salariale, souhaitez-vous que votre fédération négocie l'achat de services (embauche de personnel clérical, d'infirmiers et infirmières et de préposés), avec le solde actuel des montants à être versé aux spécialistes, et le solde supérieur à l'inflation dans le cas des omnipraticiens ? Oui ou non ».

Les membres de la FMOQ ont voté à 96% en faveur de l'entente avec le gouvernement l'automne dernier. « Parce qu'ils veulent passer à autre chose et ne veulent plus en entendre parler » de rémunération, selon M. Landry. « Les gens n'ont pas voté parce qu'il croyait que l'entente était nécessairement bonne. (...) S'ils avaient voté non, on se serait ramassé avec une nouvelle négociation, avec la FMOQ qui demanderait encore plus d'argent que ce qui a été accordé. La question qu'on soumet vient changer la perspective de négociation. » Quant à la FMSQ, ce sont 130 délégués qui ont entériné l'entente à 99% - l'ensemble des membres n'ont pas été consultés.

L'entente Québec-FMOQ prévoit des hausses rémunération de 14,7 % d'ici 2023 (environ 1,8% par année en moyenne) et le versement de sommes non récurrentes de 650 millions de dollars.

Quant à l'entente Québec-FMSQ, on parle de hausses de 11,2% pour la période 2015-2023 (1,4% par année en moyenne) et le versement, en dix ans, de sommes non récurrentes totalisant 1,5 milliard.

Dimanche, un autre groupe, Médecins québécois pour le régime public (MQRP), a mis en ligne une lettre réclamant que le gouvernement annule les hausses accordées. Il y a 488 signataires jusqu'ici : 150 médecins de famille, 122 spécialistes, 99 médecins résidents et 117 étudiants en médecine. Il y a environ 20 000 médecins au Québec.