D'ici cinq à dix ans, on pourra évaluer le risque d'alzheimer avec une simple prise de sang, comme on le fait pour le risque cardiovasculaire avec le cholestérol. Mercredi, dans la prestigieuse revue Nature, des chercheurs japonais ont décrit le premier test sanguin pour dépister ce type de démence.

« Il y a de plus en plus de preuves que les dépôts de plaques amyloïdes dans le cerveau sont un signe précurseur de la maladie d'Alzheimer de 20 à 30 ans avant le début des symptômes », explique depuis Nagoya Akinori Nakamura, du Centre national de gériatrie du Japon, qui est l'auteur principal de l'étude de Nature. « Nous pensons fortement que notre méthode permettra de mieux comprendre la maladie et va faciliter les essais cliniques de médicaments, pour lesquels une détection précoce de dépôt de substances amyloïdes est cruciale. »

Serge Gauthier, directeur de l'Unité de recherche de la maladie d'Alzheimer à l'Université McGill, estime qu'il s'agit d'une « grosse nouvelle » qui pourrait mener à l'utilisation de tests sanguins pour quantifier le risque d'alzheimer dès la quarantaine, un peu comme on utilise le niveau de cholestérol, l'électrocardiogramme et le tapis roulant en cardiologie.

« Il faut que ce soit validé pour d'autres populations, mais si tout va bien, on peut penser à des tests sur un horizon de cinq ans. »

Ces tests sanguins devront possiblement être utilisés conjointement avec d'autres mesures de l'importance des plaques amyloïdes, par imagerie médicale ou dans le liquide céphalorachidien, selon le Dr Gauthier. Le niveau de risque génétique sera aussi pris en compte. Environ 15 % de la population a le génotype ApoE, qui augmente le risque de deux à trois fois. Une combinaison génétique plus rare, héritée des parents mais représentant moins de 1 % des cas d'alzheimer, est liée à l'apparition précoce de l'alzheimer avant 60 ans.

Le Dr Gauthier s'attend à ce que la cohorte nord-américaine de l'ADNI (Initiative sur la neuroimagerie de la maladie d'Alzheimer) soit mise à profit pour valider les résultats japonais. « Je crois qu'il va falloir réanalyser les échantillons de sang, parce que je ne crois pas qu'on avait les mesures des plaques amyloïdes comme dans la méthode japonaise. »

La présence de plaques amyloïdes ne prédit pas de manière absolue l'apparition de la maladie d'Alzheimer. « Il faut d'autres facteurs de risque, comme la génétique, les micro-AVC ou des symptômes parkinsoniens », dit le Dr Gauthier. Mais quand les plaques s'accumulent dans le cerveau, il s'agit d'un processus irréversible.