Santé Canada a donné le feu vert, lundi, aux centres d'injection supervisée à Montréal. Les trois centres prévus seront situés dans les arrondissements de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve et de Ville-Marie. Ils pourraient ouvrir dès le printemps.

La demande d'exemption du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal a trouvé écho au bureau de la ministre fédérale de la Santé, Jane Philpott. Lundi, elle a autorisé les trois candidatures soumises pour les centres fixes qui seront gérés par les organismes communautaires Cactus, Dopamine et Spectre de rue.

« Les sites de consommation supervisée ont donné des résultats positifs au Canada ainsi que dans d'autres pays. La transmission de maladies et les décès par surdose diminuent, de même que les infections, les visites aux urgences et les hospitalisations associées à la consommation de drogues injectables », a soulevé la ministre dans un communiqué.

L'obtention d'une exemption en vertu de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances est nécessaire pour que les centres puissent être fonctionnels. Pour ce faire, le demandeur devait démontrer qu'il répondait à la liste des 26 critères d'admissibilité - notamment l'existence d'un réel besoin pour un tel centre à Montréal. Le processus est laborieux ; il a fallu un an et demi au CIUSSS pour déposer sa demande officielle, au début du mois de janvier.

Santé Canada doit encore se rendre sur les lieux pour une inspection finale avant l'ouverture officielle, prévue pour la fin de mars ou le début d'avril. L'exemption d'une durée d'un an entre en vigueur dès maintenant et peut être suspendue si les centres ne répondent pas aux critères. Les trois demandes d'exemption concernent des centres fixes à Montréal.

« UNE MESURE ESSENTIELLE »

Montréal deviendra la deuxième ville, après Vancouver, à posséder des centres d'injection supervisée. Dix demandes d'exemption sont en attente au Canada, notamment à Toronto, à Victoria et à Ottawa. Pour Montréal, une quatrième demande concernant un centre mobile est en attente d'approbation.

« C'est une mesure essentielle dans toute notre politique contre l'itinérance, contre la toxicomanie », a réagi Denis Coderre.

La Ville de Montréal est également convaincue que le projet de centre d'injection mobile sera autorisé sous peu. S'il n'a pas reçu le feu vert lundi avec les trois autres centres, c'est simplement parce que la documentation a été soumise plus tardivement, a-t-on expliqué. Par ailleurs, le maire de Montréal estime que ces centres auraient pu voir le jour il y a deux ans, n'eût été l'opposition du gouvernement conservateur.

« Le problème venait toujours du gouvernement Harper, qui en a fait une question dogmatique. Pour moi, c'était une question de sécurité et de santé publiques. »

Quant aux voisins des futurs centres d'injection qui pourraient être inquiets par leur arrivée, le maire tient à se faire rassurant. Il estime que ces centres contribueront à diminuer les nuisances, tout en réduisant la présence de seringues laissées dans la rue, en plus de limiter les risques de surdoses.

La ministre de la Santé appuie ces propos. « Les données probantes canadiennes et internationales révèlent que les sites de consommation supervisée, lorsqu'ils sont bien gérés, peuvent sauver des vies sans qu'il n'y ait d'augmentation de la consommation de drogues ou de la criminalité dans les environs », a indiqué Mme Philpott.

De son côté, le porte-parole de Projet Montréal en matière d'itinérance, Sterling Downey, a soulevé que « l'ouverture de ces centres est d'autant plus importante compte tenu de la crise majeure de surdose d'opioïdes qui sévit en ce moment », tout en réclamant la mise en place de comités de bon voisinage qui permettraient de bien encadrer le travail des acteurs du milieu de la santé.