Depuis lundi, le système d'Accès priorisé aux services spécialisés (APSS), qui permettra à terme aux patients d'avoir plus facilement accès à un médecin spécialiste, est fonctionnel au Québec. Or, dans certaines régions, dont Lanaudière, la Montérégie et Québec, moins de la moitié des médecins spécialistes sont inscrits dans le processus.

Pour la présidente de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, la Dre Diane Francoeur, si le lancement du service dans certaines régions est lent, c'est que « le ministère de la Santé est très en retard par rapport à ses obligations ». « Le Ministère a notamment l'obligation de fournir du personnel partout pour opérer le service. Ce n'est pas encore fait correctement partout », plaide la Dre Francoeur, qui explique que la « chance doit être laissée au coureur », mais qu'un suivi étroit devra être fait en partenariat avec Québec pour en assurer l'efficacité.

Dans chaque région, un guichet unique a été créé pour permettre aux médecins de famille d'obtenir facilement une consultation avec un collègue spécialiste pour leurs patients. Les médecins spécialistes étaient invités à s'y inscrire et à offrir des plages horaires.

La Dre Francoeur dit être « impressionnée » par les médecins spécialistes qui ont travaillé très fort sur ce projet et sont nombreux à s'être inscrits. « Mais actuellement, nous avons un surplus de plages horaires disponibles chez les spécialistes. Le Ministère doit pédaler à toute vapeur pour remplir ces plages », affirme la Dre Francoeur.

ACCÈS FACILITÉ AUX MÉDECINS SPÉCIALISTES

L'APSS s'inscrit dans une série de quatre mesures imposées par Québec avec le projet de loi 20 pour faciliter l'accès aux médecins spécialistes dans la province.

D'ici décembre 2017, les médecins spécialistes doivent améliorer leurs performances dans quatre secteurs : 

1. les délais associés aux consultations spécialisées demandées au service d'urgence d'un établissement ;

2. le taux de prise en charge de patients hospitalisés par des médecins spécialistes à titre de médecins traitants ;

3. la priorisation des interventions chirurgicales de patients en attente depuis plus d'un an ;

4. l'accès aux consultations spécialisées selon des délais associés à la priorité clinique attribuée à un patient.

Des cibles de performance ont été établies pour chaque critère. Les médecins qui n'atteindront pas ces cibles en décembre 2017 verront leur rémunération réduite de 30 %.

BARRETTE NE VOIT AUCUN RALENTISSEMENT

En ce qui concerne l'APSS, chaque patient en attente d'une consultation avec un médecin spécialiste se fera accorder un code de priorité associé à un délai de traitement, variant de deux semaines à un an, en fonction de son état clinique. En décembre 2017, de 75 à 90 % des patients devront être vus par un spécialiste dans les délais prescrits.

Le ministre de la Santé Gaétan Barrette a bon espoir de voir les spécialistes y arriver. Il dit n'avoir « aucune indication » voulant que le déploiement de l'APSS soit ralenti actuellement dans certaines régions par manque de personnel.

La Dre Francoeur affirme quant à elle que des réunions seront tenues chaque semaine avec le MSSS pour suivre la progression du dossier et ajuster le tir. « Personne ne nous attaquera si c'est le Ministère qui ne fait pas sa job », dit-elle, en ajoutant qu'il est « peut-être temps de donner des livrables aussi au gouvernement ».

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Barrette écarté des négociations : « Une bonne nouvelle », estime la Dre Francoeur

La Dre Diane Francoeur estime que le fait que le ministre de la Santé Gaétan Barrette ne pilote plus les négociations avec les médecins est une « bonne nouvelle ». La FMSQ a accueilli avec surprise la sortie du ministre de lundi demandant aux médecins de revoir leurs ententes prévoyant des hausses de rémunération jusqu'en 2021, sous prétexte que le rattrapage salarial avec les médecins du reste du Canada est atteint. « Avec ce qui a été mis sur la table lundi, on était face à quelqu'un qui reniait sa parole [...], qui n'était pas ouvert aux négociations. Là, nous aurons quelqu'un qui va écouter ce qu'on aura à dire », estime-t-elle.