Estimant que livrer la phase principale du nouveau CHUM pour le 6 novembre était une cible « trop ambitieuse », le consortium chargé de la construction de l'établissement en partenariat public-privé a reconnu hier qu'il serait encore une fois incapable de respecter cet échéancier, reportant pour la deuxième fois la livraison provisoire de l'hôpital, construit au coût de 3,1 milliards.

La direction du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) a reçu mercredi soir la lettre du certificateur indépendant confirmant que le CHUM ne serait pas prêt le 6 novembre prochain, en dépit des engagements du consortium Construction santé Montréal (CSM).

« Comme discuté, un échéancier révisé, robuste et détaillé est en préparation, et sera soumis au CHUM dans les prochains jours », indique la lettre reçue par le président directeur général du CHUM, Fabrice Brunet, mercredi soir, a appris La Presse.

Québec préfère ne pas avoir de date immédiatement quant à la fin des travaux, mais tient à ce que la prochaine cible annoncée soit la bonne, explique-t-on.

Le chantier de la phase 2 du CHUM est complété à 98 %, mais le 2 % qui reste à accomplir fait que l'on ne peut amorcer la transition vers l'hôpital. « Des locaux ne sont pas prêts à recevoir l'équipement, et il y a 12 000 locaux dans l'édifice. On est dans le "fine tuning", mais ce 2 % prend du temps. »

UNE CIBLE « TROP AMBITIEUSE »

Le bâtiment principal du CHUM devait à l'origine être livré le 22 avril. Mais des retards dans la construction ont forcé un premier report.

Questionné sur les raisons du non-respect de ce deuxième échéancier, le consortium explique que la marge de manoeuvre était « trop mince » compte tenu « de la complexité et de l'envergure du projet de 3 millions de pieds carrés qui vise une certification LEED Argent. »

« Malgré la livraison de quelques étages et de bons gains de productivité ces derniers mois, le retard accumulé depuis l'excavation n'a jamais pu être pleinement récupéré en raison surtout de la poursuite d'un standard de haute qualité sur tous les aspects », estime CSM.

Dans une lettre acheminée aux employés et obtenue par La Presse, la direction du CHUM a annoncé hier qu'elle continuerait à suivre l'évolution du chantier « afin de mieux anticiper l'avancement de celui-ci, et ce, dans le but de prendre la meilleure décision pour le choix de poste ».

Au cours des derniers mois, les employés du CHUM avaient déjà pris part à un processus d'attribution de postes en vue de leur déménagement dans le nouvel hôpital. Mais ce processus a été annulé et devra être repris.

BARRETTE DÉÇU

« Déçu » de ce nouveau retard, le ministre de la Santé Gaétan Barrette a indiqué en matinée hier que les services aux patients ne seraient pas compromis par le retard dans la construction du CHUM. Il confirmait les informations publiées par La Presse hier, mais ne pouvait s'avancer sur l'ampleur du retard.

D'ici à ce que l'équipement médical soit installé au CHUM, le ministre assure que les patients ne feront pas les frais de ces nouveaux délais dans la construction du superhôpital universitaire. Le CHUM réunira sur un même site l'hôpital Notre-Dame, l'Hôtel-Dieu et l'hôpital Saint-Luc.

« Ce qui aurait été adéquat, c'est le mois d'avril dernier, a-t-il dit. À chaque fois, c'est une déception pour moi. C'en est une encore aujourd'hui. Mais là, nous sommes à l'intérieur d'un contrat et on vit dans ces paramètres-là. »