Dans un « souci de gestion saine des fonds publics », Québec vient de demander au Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) de regrouper une partie de ses services ambulatoires et les bureaux de ses médecins à l'Hôtel-Dieu le temps que le nouvel hôpital soit entièrement terminé, en 2021, a appris La Presse.

Initialement, l'ensemble des cliniques externes et des bureaux de médecins devaient plutôt être relocalisés temporairement dans des locaux entourant la phase 1 du projet, au centre-ville de Montréal.

« Comme les locaux de l'Hôtel-Dieu seront disponibles, ils pourront être utilisés pour ainsi dire à coûts nuls », explique Karine White, porte-parole du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS)

Le 6 novembre, la première phase du nouveau CHUM doit être terminée. Cet hôpital situé à l'intersection de la rue Sanguinet et de l'avenue Viger accueillera les services d'hospitalisation, de diagnostic et une partie des services ambulatoires du CHUM. Au printemps 2017, les patients de l'Hôtel-Dieu, de l'hôpital Notre-Dame et de l'hôpital Saint-Luc du CHUM y déménageront successivement.

Le CHUM procèdera ensuite, jusqu'en 2021, à la démolition de l'hôpital Saint-Luc et à la construction d'un nouvel édifice qui accueillera d'autres services ambulatoires et les bureaux clinico-administratifs. Un amphithéâtre y sera également construit.

Dès le déménagement des patients, en 2017, l'hôpital Notre-Dame deviendra un hôpital communautaire.

Dans ses plans initiaux, le CHUM prévoyait de trouver des locaux au centre-ville pour héberger temporairement une partie de ses services ambulatoires et ses bureaux clinico-administratifs. Le pavillon du 1001, rue Saint-Denis et le pavillon Édouard-Asselin du CHUM de même que de nouveaux locaux étaient considérés. Mais le MSSS a rejeté ce plan et préfère que l'Hôtel-Dieu soit utilisé.

PEU D'IMPACT SUR LE PERSONNEL

Le président du Syndicat des professionnelles et professionnels en soins de santé du CHUM, Guy Brochu, estime que cette décision aura peu d'impact sur le personnel. « Mais les patients seront plus éloignés de l'hôpital. S'il y a des complications dans les cliniques ambulatoires, il faudra prévoir des délais de transport vers l'hôpital », note-t-il.

Irène Marcheterre, directrice des communications du CHUM, estime que le déménagement à l'Hôtel-Dieu est une « bonne nouvelle » pour les patients, qui « évolueront dans un milieu sécuritaire et adapté aux soins en plus d'être dans un environnement connu ». « D'ailleurs, nous utiliserons des espaces où se trouvent déjà les cliniques. Cette décision nous permet d'assurer une meilleure fonctionnalité clinique pour nos équipes et nos patients. L'argent ainsi économisé pourra être utilisé pour des soins de qualité à l'ensemble de la population », ajoute-t-elle.

Mme Marcheterre explique qu'un « groupe de travail ad hoc » a été formé et a pour mandat de « définir l'organisation et la nature des cliniques et des activités qui auront lieu à l'Hôtel-Dieu ».

COÛTS MODESTES ENVISAGÉS

Au MSSS, on explique qu'il est « trop tôt pour l'instant pour estimer le coût du déménagement ». « Des travaux auront lieu afin de définir les besoins, les interventions et les travaux nécessaires, mais les aménagements devraient être modestes », résume Mme White.

Dino Bumbaru, directeur des politiques pour Héritage Montréal, est « heureux » que le mystère soit partiellement levé sur l'avenir de l'Hôtel-Dieu. Les plus vieilles sections de l'Hôtel-Dieu ont été construites en 1859, et l'établissement est « porteur de la mission fondatrice de Montréal », selon M. Bumbaru, qui estime que Québec doit « garder ce bâtiment vivant avec des usages cohérents, notamment hospitaliers ». L'avenir de l'Hôtel-Dieu après 2021 reste toutefois à déterminer.