Les hommes homosexuels et bisexuels ont plus de risques d'avoir un cancer de la peau que les hétérosexuels, selon une nouvelle étude américaine. Cela serait dû à une utilisation plus fréquente des salons de bronzage.

« Les campagnes de prévention du cancer de la peau ont depuis quelques années ciblé les jeunes femmes, qui sont plus susceptibles d'utiliser les salons de bronzage », explique Sarah Arron, de l'Université de Californie à San Francisco, qui est l'auteure principale de l'étude publiée dans la revue JAMA Dermatology l'automne dernier. « Si nos résultats se confirment, il faudrait peut-être aussi cibler les hommes de minorités sexuelles. »

Ces résultats n'étonnent pas Réjean Thomas, de la clinique l'Actuel. « On voit chez les jeunes de la communauté gaie un culte du corps, de l'esthétique, avec la culture physique et le bronzage. Le diagnostic n'est pas compliqué, on peut parler du risque chez les patients qui arrivent dans notre bureau bronzés. Ceci dit, il s'agit de certains groupes de la communauté, pas de tous les gais. »

« Ce genre d'étude est important parce qu'on peut cibler ce genre de risque lors des passages à la clinique, comme on le fait pour le tabagisme, l'alcool et les drogues. »

- Réjean Thomas, médecin à la clinique l'Actuel

L'hiver dernier, le magazine The Advocate avait inclus le bronzage dans une liste de 11 mauvaises habitudes des gais pour ce qui est de la santé, sur la base d'une autre étude, incluant seulement des hommes, de la dermatologue de San Francisco.

Chez les femmes, par contre, les « minorités sexuelles » ont moins de risques d'avoir un cancer de la peau et utilisent moins les salons de bronzage, selon la Dr Arron, qui ne pouvait expliquer pourquoi ces femmes aiment moins le bronzage.

Des études montrent que les hommes homosexuels ont une insatisfaction par rapport à leur corps qui est plus grande que celle des hétérosexuels, ajoute un éditorial publié en même temps que l'étude dans JAMA Dermatology. Cela expliquerait l'utilisation accrue des salons de bronzage.

L'étude a analysé les dossiers de 185 000 hétérosexuels et de 6100 homosexuels et bisexuels ayant participé à trois grandes enquêtes en Californie. Elle a tenu compte de plusieurs facteurs, dont l'utilisation de médicaments contre le VIH. La dermatologue de San Francisco veut maintenant affiner ses résultats pour tenir compte du bronzage « naturel », à l'extérieur (sur la plage, par exemple). D'autres études ont montré que les adeptes des salons de bronzage se font aussi davantage bronzer en plein air. Elle veut aussi voir s'il y a des différences entre les homosexuels et les bisexuels.

En chiffres

56 % 

Augmentation du risque de cancer de la peau chez les hommes homosexuels et bisexuels par rapport aux hétérosexuels.

44 % 

Diminution du risque de cancer de la peau chez les femmes homosexuelles et bisexuelles par rapport aux hétérosexuelles.

113 % 

Les hommes homosexuels et bisexuels utilisent 113% plus les salons de bronzage par rapport aux hétérosexuels.

57 %

Les femmes homosexuelles et bisexuelles utilisent 57% moins les salons de bronzage par rapport aux hétérosexuelles.

Source : JAMA Dermatology