Des Algonquins de Lac-Barrière, une communauté de 550 personnes située entre Val-d'Or et Maniwaki, en Abitibi, ont manifesté hier midi à Ottawa pour dénoncer la gestion par Santé Canada de certains services de santé sur leur territoire.

Selon eux, les « pratiques obstructives et excessivement bureaucratiques de Santé Canada » menacent la santé des « membres les plus vulnérables » de leur communauté.

Une seule clinique d'infirmières dessert le territoire des Algonquins de Lac-Barrière. Depuis plusieurs années, Santé Canada finance le transport des membres de la communauté qui doivent se rendre dans un établissement de santé pour une urgence ou un rendez-vous médical.

Mais depuis le 1er janvier, les règles administratives ont changé, dénonce Jessica Thursky, coordonnatrice des soins de santé à Lac-Barrière. « Santé Canada demande des préautorisations pour tout transport. Ça prend souvent 48 heures ou plus avant d'obtenir le feu vert. Pour un cas urgent, nous avons dû attendre plus de 24 heures. Le traitement que l'on reçoit de Santé Canada est inapproprié », estime Mme Thursky.

Rapports complexes

Les rapports entre la communauté de Lac-Barrière et le gouvernement fédéral ont été tumultueux ces dernières années. En 2004, « devant la détérioration de la situation financière de Barriere Lake et les difficultés éprouvées dans la gestion des programmes et services », le ministère des Affaires autochtones a demandé au Conseil de bande de présenter un plan de redressement autogéré, est-il écrit sur le site du Ministère. Puis en 2006, un séquestre-administrateur a été nommé pour veiller à la livraison des services essentiels à la communauté.

Depuis 10 ans, les Algonquins de Lac-Barrière ont maintes fois plaidé pour plus d'indépendance dans leur gouvernance.

Selon des informations obtenues par La Presse, le séquestre n'aurait plus accès à la communauté depuis le 1er novembre.

Santé Canada n'a pas expliqué, hier, si les nouvelles mesures administratives sur le transport médical sont en lien avec le manque d'accès au séquestre. La porte-parole de Santé Canada, Maryse Durette, a expliqué que des représentants de Santé Canada ont rencontré hier après-midi la délégation du conseil de bande « afin de discuter comment la communauté pourrait prendre en charge la gestion du transport pour des raisons médicales. »

« La préoccupation première de Santé Canada est de s'assurer que la population de Barrière Lake reçoive les services et soins de santé nécessaires », a expliqué Mme Durette.

Mais pour Mme Thursky, peu importe les problèmes administratifs, les patients de Lac-Barrière doivent être épargnés. « Déjà, 29 personnes ont dû annuler des rendez-vous, faute de transport. Ça ne fonctionne pas », dénonce-t-elle.