Le réseau de la santé risque de devoir se passer des services de 250 psychologues auprès de la population, l'automne prochain. Outrés par les conditions de travail imposées par Québec, les psychologues et doctorants en psychologie ont annoncé hier qu'ils boycotteraient conjointement les internats de l'automne prochain.

Présidente de la Fédération interuniversitaire des doctorant.e.s en psychologie du Québec (FIDEP), Josiane Jauniaux affirme que les internes en psychologie du Québec sont les seuls au Canada à ne pas être rémunérés. Une situation décriée depuis 10 ans par la FIDEP, qui a décidé de boycotter les internats de 2016-2017 pour faire bouger les choses.

Depuis 2006, il faut détenir un doctorat pour pratiquer la psychologie au Québec. En plus de devoir réaliser 700 heures de stage durant leur formation, les étudiants doivent faire un an d'internat avant d'être diplômés. « Durant cet internat, on effectue 80 % du travail d'un psychologue. On a une pratique quasi autonome. Nous demandons d'être rémunérés pour cela, un peu comme les résidents en médecine », note Mme Jauniaux.

Au début du mois de décembre, la FIDEP avait annoncé son intention de boycotter les internats. Hier, l'Association des psychologues du Québec (APQ) s'est jointe à la démarche.

Une prime qui dérange

L'Association veut ainsi dénoncer les conditions salariales prévues dans l'entente de principe conclue en décembre entre le Front commun et le Conseil du trésor.

Depuis 2012, les psychologues du réseau public recevaient une prime de 15 %. Cette prime visait à corriger la pénurie de psychologues dans le réseau public. Mais en avril, cette prime a été abolie.

Dans la nouvelle entente de principe, la prime aux psychologues a été réintroduite. « Mais ce n'est pas rétroactif. En outre, on demande depuis toujours que la prime disparaisse et que ce soit plutôt nos salaires qui soient ajustés en conséquence. La prime, c'est trop précaire », affirme le président de l'APQ, Charles Roy.

Selon lui, le gouvernement tarde à s'ajuster au fait que le métier de psychologue exige maintenant de longues années d'études. « Il n'y a aucune reconnaissance du niveau de compétence requis pour occuper ces postes. C'est choquant », dit-il.

Alors qu'à cette époque de l'année le processus de recrutement des internes s'amorce dans le réseau, psychologues et étudiants boycottent l'exercice. Le ministère de la Santé n'a pas réagi à la nouvelle, hier.