Dans deux jugements rendus au mois de janvier, le Conseil de discipline de l'Ordre des chiropraticiens du Québec confirme que ses membres ne peuvent prétendre guérir les otites chez les enfants.

«Nos membres ne peuvent traiter que des diagnostics liés à des conditions neuro-musculo-squelettiques. Comme, par exemple, des tendinites ou des problèmes de tunnel carpien. Les otites n'en font pas partie», résume la syndique de l'Ordre des chiropraticiens, la Dre Chantal Pinard.

Le Conseil de discipline s'est penché sur les dossiers de deux chiropraticiens de la région de Québec, qui, en 2013, avaient publié des publicités dans lesquelles ils prétendaient pouvoir intervenir dans le traitement des otites.

Les chiropraticiens Jean-François Pépin et Rosalie Lemay ont notamment publié sur leur site internet une liste des «sept étapes pour prévenir les infections de l'oreille chez l'enfant "otite" ».

Dans ces étapes, on pouvait lire que «la seule façon pour le liquide de pouvoir être évacué de l'oreille est alors par l'action d'un petit muscle appelé le stylopharyngien» qui «fonctionne grâce à l'innervation provenant des deux premières vertèbres cervicales». Ces propos «laissaient croire à tort que la problématique provient des deux premières vertèbres cervicales», peut-on lire dans le jugement.

Induire le public en erreur

Les deux chiropraticiens prétendaient également sur leur site que «la chiropratique est une approche naturelle pour faire face aux otites à répétition» et que des études «démontrent que les ajustements chiropratiques peuvent renforcer le système immunitaire éloignant ainsi les maladies comme l'OMA (otite moyenne aiguë)», deux prétentions qui ne sont «pas fondées sur des principes reconnus par la science chiropratique» et qui sont «susceptibles d'induire le public en erreur», peut-on lire dans le jugement du Conseil de discipline.

Toujours dans cette publicité, les chiropraticiens s'étaient prononcés sur les antibiotiques et la consommation de produits laitiers pour le traitement des otites chez les enfants, «des sujets qui ne relèvent pas de la compétence généralement reconnue des chiropraticiens».

C'est l'Association d'oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale du Québec qui avait demandé à l'Ordre des chiropraticiens d'intervenir dans ce dossier.

Le président de l'Association, le Dr Janik Sarrazin, se réjouit de la décision du Conseil de discipline. «C'est une bonne nouvelle pour la protection du public, dit-il. Car rien dans la littérature ne vient supporter la prétention que les traitements chiropratiques peuvent traiter l'otite», dit-il.

Le Dr Sarrazin mentionne que 80% des otites chez les enfants «guérissent d'elles-mêmes, même si on ne fait rien». «On peut donner du Tylenol ou de l'Advil. Ou des gouttes analgésiques pour soulager», indique-t-il. Des études ont aussi démontré que les antibiotiques peuvent aider.

Les deux chiropraticiens ont plaidé coupable aux quatre chefs d'accusation qui pesaient contre eux. Ils ont mentionné avoir été «induits en erreur par un article paru dans Le Journal de Montréal et rédigé par le président de l'Association des chiropraticiens du Québec».

Mais pour le Conseil de discipline, «peu importe les explications fournies», les intimés avaient «le devoir de s'informer». Puisqu'ils ont admis rapidement leurs torts et qu'il s'agissait de leur première infraction, de simples réprimandes ont été formulées à leur endroit.