Un système fédéral contraignant reposant sur le signalement de la pénurie de médicaments par les entreprises pharmaceutiques est endossé par nombre de professionnels canadiens de la santé qui y voient un premier pas important dans la résolution d'un problème crucial.

Les sociétés pharmaceutiques devront désormais divulguer les pénuries de médicaments sur un nouveau site web du gouvernement, a annoncé la ministre fédérale de la Santé, Rona Ambrose.

Le site penuriesdemedicaments.ca aura aussi un registre de divulgation, dans lequel le ministère publiera les lettres envoyées aux compagnies qui n'ont pas divulgué les pénuries actuelles ou anticipées.

Les entreprises qui omettent d'afficher publiquement les pénuries actuelles ou anticipées, incluant la discontinuation de leurs produits, risquent des amendes de millions de dollars et la menace d'être «identifiées et déshonorées», a dit Mme Ambrose lors d'un rassemblement, mardi, à l'Hôpital général de Vancouver.

«Nous voulons savoir au moment précis où elles savent (qu'une pénurie) va survenir, a dit la ministre, expliquant qu'une mise en garde à l'avance - une période de six mois serait idéale - permettrait à Santé Canada de tenter de trouver des solutions de rechange. Il est véritablement question d'information fiable et en temps opportun.»

Jusqu'à maintenant, a indiqué Mme Ambrose, les compagnies ont volontairement publié leurs pénuries, mais une firme a récemment omis de le faire pour un médicament utilisé dans le traitement contre le cancer.

Santé Canada a aussi envoyé des lettres aux compagnies pharmaceutiques qui n'ont pas fourni à temps des alertes sur les pénuries de nitroglycérine, utilisée pour traiter un problème cardiaque.

Mme Ambrose a déclaré que les Canadiens et leurs médecins devaient être bien informés pour trouver des solutions de rechange convenables. Les pénuries de médicaments posent présentement problème à travers le monde.

L'Association médicale canadienne a dit se réjouir de l'annonce de la création d'un site Internet qui fonctionnera indépendamment de l'industrie pharmaceutique.

«Les failles continues de l'approvisionnement en médicaments perturbent gravement le traitement clinique, augmentent le risque d'erreur médicale et exercent une pression inutile sur l'ensemble du système de santé», a fait valoir par communiqué le docteur Chris Simpson, président de l'AMC.

Les risques de pénuries imminentes doivent être encore mieux contrecarrés, avec notamment des fournisseurs uniques pour des médicaments clés, et l'information doit être mieux partagée entre hôpitaux et cliniques et d'une province à l'autre, a soutenu pour sa part le docteur Douglas DuVal, vice-président de la Société canadienne des anesthésiologistes.

Tant les libéraux fédéraux que les néo-démocrates ont salué la création du registre, tout en s'attribuant l'idée originale.

La porte-parole libérale en matière de santé Hedy Fry a affirmé en entrevue que dans le cadre du nouveau système, le gouvernement devrait «travailler de concert, et non tomber à bras raccourcis» sur les entreprises afin d'avoir une influence sur les médicaments qui seront produits.

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) a soutenu que le gouvernement conservateur avait mis trop de temps à agir, ayant «défendu pendant des années le système inefficace de signalement volontaire».

«Il est essentiel que les médecins et les patients sachent à l'avance qu'une pénurie de médicaments est imminente afin qu'ils puissent prendre des décisions éclairées», a déclaré le porte-parole du NPD en matière de santé, Murray Rankin.