Professeur à l'Université McGill, le Dr Judes Poirier dirige l'unité de neurobiologie moléculaire de l'Institut universitaire de santé mentale Douglas. Avec son collègue, le Dr Serge Gauthier, il a rédigé l'ouvrage La maladie d'Alzheimer, le guide à l'attention des personnes atteintes et de leur famille. Il fait le point sur la maladie.

Définition de la maladie

La maladie d'Alzheimer se caractérise par la mort progressive des cellules du cerveau, ce qui altère peu à peu la mémoire, la faculté de penser, de réfléchir et le comportement de façon générale. Au début des symptômes, la maladie est souvent confondue avec le vieillissement normal, d'autant plus qu'elle frappe majoritairement des personnes âgées de plus de 65 ans. L'espérance de vie d'une personne atteinte est généralement de 8 à 12 ans, mais cela varie en fonction de l'âge. À ce jour, la maladie est incurable. Des médicaments permettent de ralentir la progression de la maladie chez certains patients.

Il existe deux formes de la maladie 

La forme familiale : C'est la forme la plus rare. Elle touche de 5 à 7 % des personnes atteintes et résulte d'un gène défectueux. La maladie frappe tôt, souvent avant l'âge de 60 ans, mais certaines personnes développent la maladie dès la trentaine ou la quarantaine. L'évolution de la maladie est rapide et dans la famille, il y a un historique d'alzheimer.

La forme commune ou sporadique : C'est la forme qui touche la majorité des personnes atteintes. Les chercheurs ont découvert des facteurs de risque, mais pas la cause. La maladie évolue parfois lentement, parfois très vite.

Les facteurs de risque

L'âge est le principal facteur de risque. Le fait d'avoir un parent proche qui a eu la maladie augmente le risque de l'avoir à son tour. Les femmes sont également plus touchées. Avoir une faible scolarité, avoir subi des lésions cérébrales, faire du diabète, du cholestérol ou de l'hypertension non contrôlée semblent aussi augmenter le risque.

Les recherches démontrent de plus en plus que le style de vie peut aussi jouer un rôle. « On pense que de 60 à 70 % des facteurs de risque de la maladie proviennent du bagage génétique et 30 % viennent du style de vie », précise le Dr Poirier.

Une diète de type méditerranéen, pauvre en viande rouge, mais riche en poisson, en viande blanche, en oméga-3, en légumes, en fibre et en huile d'olive, combinée à de l'exercice physique régulier, peut contribuer à retarder l'apparition de la maladie, ont démontré des chercheurs.

Les signes précurseurs

Perte de mémoire, difficulté à effectuer les tâches quotidiennes, problèmes de langage, oublier la date, le jour, l'endroit où l'on va, jugement amoindri, changements de comportement ou d'humeur importants, perte d'intérêt et perte d'initiative, perdre des objets.

Les stades de la maladie 

L'échelle de détérioration globale du Dr Barry Reisberg est souvent utilisée, dans le monde, pour évaluer de 1 à 7 le degré d'avancement de la maladie d'Alzheimer.

Les premiers symptômes, légers, apparaissent au stade 2 et 3. Au stade 4, les médecins notent une démence légère, mais la personne atteinte est généralement encore en mesure de conduire son automobile à la condition d'emprunter des trajets connus et d'être accompagnée. Le stade 5 est considéré comme modéré avec une perte d'autonomie concernant la gestion des finances personnelles et des activités quotidiennes comme le choix des vêtements. Le stade 6 est plus sévère et la personne ne peut plus rester seule à la maison tandis qu'au stade 7, la phase très sévère à terminale, même marcher ou avaler de l'eau ou de la nourriture est difficile.

Quand est-on atteint d'alzheimer ?

« Des personnes s'inquiètent parce qu'elles oublient un nom. C'est plus que ça. Il y a des symptômes, par exemple une personne qui met les clés dans le réfrigérateur ou une personne qui circule en voiture sur sa rue et qui ne sait plus quelle est la porte de sa maison », explique la directrice générale de la Fédération québécoise des Sociétés Alzheimer, Diane Roch.

L'importance du diagnostic précoce

Près de 50 % des personnes atteintes de troubles cognitifs, dont la maladie d'Alzheimer, ne sont pas diagnostiqués suffisamment tôt, déplore la Fédération québécoise des Sociétés Alzheimer, qui presse les gens de consulter leur médecin. Un diagnostic précoce de la maladie permet à la personne atteinte et à sa famille de se préparer pour faire face à la maladie et de prendre les décisions importantes qui s'imposeront, notamment en ce qui a trait aux documents juridiques. Certains médicaments, qui permettent de ralentir la progression de la maladie, sont également plus efficaces au début de la maladie.