Sale temps pour être malade. Les cas de gastro-entérite et de grippe font déborder les urgences. En matinée hier, les statistiques officielles à l'Hôpital général du Lakeshore, dans l'ouest de Montréal, faisaient état d'un taux d'occupation de 210%. Il était de 193% au centre hospitalier de St. Mary et de 191% à l'hôpital Jean-Talon.

Aux prises avec une hausse subite de sa tension artérielle, Fatima Boufaref est arrivée à l'Hôpital de Lachine en ambulance directement de son travail. Puisque son état s'était stabilisé, elle devait patienter dans une salle d'attente glaciale parce que de grandes portes, non loin de là, s'ouvraient tout le temps. Comme tous les autres, elle attendait avec son manteau sur le dos. «On se présente aux urgences avec un problème de santé et on va repartir d'ici avec un autre. Heureusement que l'infirmière au triage est charmante!»

Autour d'elle, d'autres malades excédés approuvaient ses commentaires. Pour l'infirmière charmante comme pour le froid. Passer des heures aux urgences, on s'y attend, mais y geler en plus, c'en est trop.

Les urgences sont si bondées à certaines heures qu'à la Cité-de-la-Santé, à Laval, par exemple, des malades se présentent avec leur chaise de camping, conscients qu'ils risquent bien de ne même pas pouvoir s'asseoir.

Temps d'attente variable

Le Journal de Montréal a pour sa part raconté hier le cas d'un homme qui avait attendu 60 heures aux urgences du centre hospitalier Pierre-Le Gardeur. Il s'est finalement rendu de lui-même à Rivière-Rouge pour recevoir son diagnostic - une appendicite - puis à Sainte-Agathe-des-Monts pour y être opéré.

Dans ces conditions, Lola LeBrasseur se sentait comme si elle avait gagné à la loterie. En moins de trois petites heures, son mari - à qui l'on soupçonnait une pneumonie - avait été parfaitement pris en charge et suivait une batterie de tests.

«Notre fils, qui est venu nous conduire à l'hôpital, nous trouvait fous de venir à St. Mary, qui affichait un taux d'occupation de 190%! Et pourtant, tout s'est très bien passé. J'en suis tout étonnée!»

Il faut dire que l'attente fluctue au cours de la journée et que les statistiques du ministère de la Santé sont mises à jour à 10h chaque matin.

Un petit saut aux urgences suffit par ailleurs pour constater à quel point quantité de gens s'y présentent encore pour un problème non pressant parce qu'ils ne savent pas où trouver un médecin ailleurs. On a ainsi parlé à beaucoup de personnes qui avaient simplement besoin d'un papier de médecin ou alors qui voulaient enfin soigner une douleur articulaire qu'ils laissaient traîner depuis plusieurs jours.