La vaccination des enfants contre la pneumonie semble avoir si bien réussi qu'il serait maintenant superflu d'utiliser un nouveau vaccin chez les adultes.

C'est du moins la conclusion à laquelle en viennent des responsables américains de la santé publique, à qui le géant pharmaceutique Pfizer demandait la permission de commercialiser son vaccin Prevnar 13 auprès des adultes les plus vieux. Santé Canada a déjà autorisé l'utilisation de ce vaccin chez les adultes de 50 ans et plus.

Un de ces experts, le médecin américain Jeffrey Duchin, a expliqué que le programme de vaccination des enfants semble avoir des impacts indirects si positifs chez les adultes que la vaccination de ces derniers n'est possiblement pas nécessaire.

Ce phénomène, appelé «immunité collective», survient quand la communauté entière se trouve protégée par la vaccination d'un nombre suffisant d'individus. Différents facteurs influencent le taux de vaccination nécessaire pour entraîner cette immunité collective.

Dans ce cas-ci, la bactérie visée par la vaccination, en plus d'être une cause importante de pneumonie chez les enfants et les adultes, peut provoquer une maladie grave et potentiellement mortelle, la pneumococcie invasive.

Le premier vaccin antipneumococcique destiné aux enfants est arrivé sur le marché canadien en 2001. Plusieurs autres ont suivi, dont le plus récent a été autorisé en janvier, et leur impact sur l'incidence de la maladie chez les enfants est remarquable. On comptait 30 cas de pneumococcie invasive par 100 000 enfants dans la région de Toronto avant leur arrivée; ce taux est maintenant tombé à 5 cas par 100 000.

Pfizer s'est adressée à un comité américain, le mois dernier, pour obtenir l'autorisation d'offrir son vaccin aux aînés. Ce comité recommande toutefois d'attendre un an ou deux, le temps de déterminer si l'impact du Prevnar 13 sera aussi positif que celui de son prédécesseur, le Prevnar 7.

Si l'utilisation du Prevnar 13 chez les enfants élimine essentiellement de la circulation les 13 souches de la maladie qu'il cible, ont dit les experts, il n'y aurait alors que peu à gagner en suggérant aux adultes de l'utiliser, d'autant plus qu'un autre vaccin destiné à la population adulte est déjà disponible depuis plusieurs années.