Les compagnies pharmaceutiques négligent souvent les enfants lorsque vient le temps de commercialiser leurs nouveaux médicaments et d'en demander l'approbation aux autorités canadiennes, a déploré lundi un groupe de médecins dans le Journal de l'Association médicale canadienne (JAMC).

Le Compendium des produits et spécialités pharmaceutiques (CPP), qui est la principale référence des médecins canadiens lorsqu'ils prescrivent des médicaments, contient donc trop peu d'informations sur la sécurité, l'efficacité et la posologie de médicaments qui pourraient être bénéfiques pour certains enfants, soutient l'un des auteurs de cet éditorial, le pédiatre de Vancouver Bob Peterson.

Les informations manquantes seraient toutefois déjà connues des organismes de réglementation aux États-Unis et en Europe, ajoutent les auteurs.

Selon le pédiatre, si un médicament a déjà reçu l'approbation de l'organisme américain régulant l'alimentation et les médicaments (FDA), il est faux de prétendre qu'il existe au Canada trop peu d'informations en lien avec l'usage de ce produit.

Le Dr Peterson, qui a été à la tête de la Direction des produits thérapeutiques de Santé Canada pendant plusieurs années, a affirmé que l'agence fédérale devrait entrer dans la danse et régulariser la situation à ce chapitre.

L'éditorial du JAMC souligne que le Congrès américain a adopté en 2003 une loi qui oblige les compagnies pharmaceutiques à mener des études, et en soumettre les résultats à la FDA, pour les médicaments qui pourraient être prescrits à des enfants.

Le docteur Paul Hébert, rédacteur en chef du JAMC, a mentionné que les pédiatres canadiens connaissent déjà les informations absentes du CPP puisqu'ils consultent ce qui se fait à ce chapitre aux États-Unis. Le CPP étant le premier outil de prescription des médecins, il est primordial d'y retrouver ces données, a-t-il affirmé.

En réponse à cet éditorial, les compagnies de recherche pharmaceutique du Canada ont émis un communiqué, lundi, indiquant qu'environ 25 nouvelles propositions de médicaments ont reçu le feu vert de Santé Canada pour pouvoir être prescrits aux enfants. Le document mentionne également que la priorité de l'organisme est de veiller à un usage sécuritaire et approprié des médicaments pour les patients canadiens.

De son côté, Santé Canada a indiqué qu'elle avait pris des mesures pour augmenter l'échange d'informations avec les autorités américaines et européennes.