La liposuccion et d'autres interventions relevant de la chirurgie esthétique sont dans la ligne de mire du Collège des médecins du Québec. L'organisation veut déposer de nouvelles recommandations pour mieux encadrer la pratique.

«Il y a un risque de dérive dans un domaine où il y a de plus en plus de demandes du public et où il y a de plus en plus d'offres», explique le secrétaire général du Collège des médecins, le Dr Yves Robert, en entrevue à La Presse.

Botox, traitement de varices, liposuccion, augmentation mammaire ou redrapage, le domaine de la médecine esthétique suscite énormément d'engouement. C'est aussi un domaine fort lucratif pour les médecins.

Les petites annonces dans lesquelles des omnipraticiens et chirurgiens se présentent comme des spécialistes de la chirurgie esthétique se multiplient. Difficile d'ailleurs de s'y retrouver. Qui peut faire quoi?

Au Québec, un médecin ne peut se présenter comme un chirurgien s'il n'a pas obtenu sa spécialisation. Ainsi, un omnipraticien peut s'annoncer comme faisant de la médecine esthétique et non pas de la chirurgie esthétique.

Quant aux chirurgiens, ils peuvent seulement pratiquer dans leur spécialité. Ainsi, un ophtalmologiste peut faire une intervention pour des paupières tombantes et un oto-rhino-laryngologiste (ORL), pour une opération au visage, par exemple.

Le Collège se demande maintenant s'il ne faudrait pas encadrer davantage des pratiques comme les augmentations mammaires et la liposuccion. Plusieurs généralistes offrent cette dernière intervention qui nécessite une anesthésie. «On est dans la marge», reconnaît le Dr Robert à ce sujet.

Un comité de travail a été mandaté il y a un an par le Collège pour clarifier la situation en matière de chirurgie esthétique. Il doit remettre son rapport au conseil d'administration en octobre. Le Collège devrait ensuite émettre de nouvelles recommandations.

À ce jour, la pratique de la chirurgie esthétique reste peu encadrée au Québec. Le décès de la cofondatrice de Cinar, Micheline Charest, en 2004 et un autre plus récent en 2008 avaient pourtant soulevé des questions.

Le patient doit être mieux informé, croit le Dr Robert. «Comme c'est un domaine lucratif, on a tendance à atténuer les effets secondaires pour mettre en évidence les bénéfices.»

En Ontario, le décès d'une jeune femme de 25 ans à la suite d'une liposuccion qui a mal tourné a amené les chirurgiens plasticiens à demander au gouvernement d'interdire aux omnipraticiens de pratiquer certaines interventions jugées invasives, notamment la liposuccion.

Au Québec, l'Association des spécialistes en chirurgie plastique et esthétique souhaite que la pratique soit mieux définie et que des créneaux soient réservés aux seuls chirurgiens plasticiens.

Il existe beaucoup de confusion, explique le président de l'Association, le Dr Gilles Beauregard. Il n'y a qu'à regarder les publicités qui pullulent dans les annuaires, dit-il.

«Les gens peuvent penser que la personne est qualifiée ou a une certification pour le faire alors que ce n'est pas toujours le cas», déplore le Dr Beauregard.

Il compare la situation avec celle qui prévaut dans un hôpital. Le chirurgien doit faire reconnaître ses qualifications pour opérer à l'hôpital. Ce n'est pas le cas pour ouvrir un bureau.

«Personne ne vérifie mon curriculum vitae pour voir si je peux faire telle intervention ou pas. Ça devrait être, dans une certaine mesure, le Collège des médecins qui s'en occupe, mais il ne l'a jamais fait.»