Tiré au sort par la Régie de l'assurance maladie du Québec avec 19 999 autres Québécois âgés de 40 à 69 ans, l'auteur de ces lignes a reçu en juillet une invitation par la poste pour participer au projet CARTaGENE. Il s'agissait de lire la documentation et de composer un numéro de téléphone pour obtenir un rendez-vous. Pour le journaliste, l'idée était de vivre l'expérience et d'en rendre compte.

Le rendez-vous était à 8h20 à l'Hôtel-Dieu. On nous accueille et nous sommes dirigés vers un infirmier. Pas une minute d'attente! L'infirmier nous fait signer un formulaire de consentement. Cela engage le volontaire à participer au projet sans rien attendre d'autre que la satisfaction d'aider la science. Le volontaire reçoit 45$ et une collation en compensation de son temps. Par contre, nous pouvons en tout temps nous retirer de l'expérience sans avoir à fournir de raison. En participant, le volontaire accepte que tous les échantillons prélevés demeurent la propriété de CARTaGENE, même après sa mort.

 

Anonyme

L'éthique est importante dans cette recherche. Dès le début de l'entretien, on nous remet un bracelet avec un numéro qui correspond à notre identité. Les chercheurs n'auront jamais accès à nos coordonnées. Seulement au code correspondant. Par ailleurs, toutes les données et les échantillons seront détruits le 31 décembre 2058, date de la fin du projet.

Actuellement, la procédure de rencontre des volontaires est en rodage. Mais les deux infirmières et l'infirmier rencontrés sont très professionnels, attentifs et visiblement heureux de faire partie d'une telle recherche. Ils nous demandent à plusieurs reprises si nous avons des questions.

Après le premier entretien avec l'infirmier, on nous conduit dans une autre salle où une infirmière poursuit la procédure avec des tests médicaux. On reste avec elle durant une heure à une heure et demie. Elle commence par prendre trois fois notre tension artérielle et notre pouls. Elle note les résultats dans son ordinateur. Puis, nous retirons nos chaussures et mettons des chaussons. Et elle mesure deux fois notre taille, au millimètre près.

Ensuite, elle calcule le tour de taille et le tour de hanches, sans qu'on enlève nos vêtements. Puis, notre force de préhension: il s'agit de serrer le plus fort possible une poignée avec la main droite, puis avec la main gauche.

On participe ensuite à des mesures de bioimpédance, de rigidité osseuse et de rigidité artérielle. La bioimpédance utilise les propriétés électriques des tissus. Elle permet, dans notre cas, de calculer le pourcentage de gras corporel. L'infirmière nous fait monter sur un pèse-personne après avoir mouillé nos pieds avec de l'alcool. Un très faible courant électrique passe ensuite dans notre corps. On ne sent rien. Par la suite, on nous dit si nous sommes dans la norme, soit si notre corps a entre 11 et 22% de gras!

Puis, l'infirmière nous demande de poser un pied dans un appareil. Un système coince légèrement notre cheville et calcule notre densité osseuse, notamment la faculté du corps à conserver suffisamment de calcium et donc à éviter des maladies comme l'ostéoporose.

Test de rigidité artérielle

Le calcul de la rigidité artérielle était intéressant. Le test est récent, a dit l'infirmière. On ne sait pas encore si c'est très au point. Cela consiste à étudier l'état des artères. Plus elles vieillissent, plus elles deviennent rigides. Et cette rigidité peut être un facteur prédictif d'infarctus ou d'attaque cérébrale. Le test consiste à apposer une sorte de stylo muni d'un capteur et relié à un ordinateur sur une de nos veines de poignet. On voit alors les courbes de pression artérielle sur le moniteur de l'ordinateur.

Comme ce test réclame une interprétation, l'infirmière ne dévoile pas le degré de rigidité de nos artères. Mais comme pour tous les autres tests, si les médecins qui se pencheront sur nos résultats constatent que notre santé est en danger, ils nous le feront savoir. Cela fait partie du contrat entre CARTaGENE et le volontaire.

Puis, l'infirmière nous demande un échantillon d'urine et prélève 14 petits flacons de sang. C'est à partir de ces échantillons que les chercheurs vont travailler sur nos cellules et donc, sur l'ADN dans le cadre de ce projet génétique. L'infirmière fait ensuite passer un test cognitif pour enregistrer notre potentiel réactif et la mémoire visuelle. En terminant, nous remplissons un questionnaire sur nos habitudes de vie, nos maladies antérieures, les médicaments que nous prenons, etc.

Nous sommes invités à prolonger le travail en prenant une enveloppe dans laquelle nous pourrions inscrire les noms, prénoms, dates de naissance et de décès de nos parents, grands-parents et autres aïeux, afin de pouvoir faire appel à la généalogie dans le cadre de ce projet de recherche génétique.