Les temps d'attente pour cinq opérations chirurgicales jugées prioritaires ont progressé au cours de la dernière année au Canada, révèle la quatrième enquête annuelle de l'Alliance sur le temps d'attente (ATA). Mais dans tous les autres domaines cliniques jugés non prioritaires, «un voile de mystère» dissimule encore l'attente réelle, dénonce l'organisme qui regroupe plusieurs associations de médecins spécialistes du pays.

Au cours des derniers mois, le temps d'attente s'est amélioré pour les arthroplasties de la hanche et du genou, les chirurgies de la cataracte, les pontages aortocoronariens, l'imagerie diagnostique et la radiothérapie dans la majorité des provinces canadiennes. En 2004, les premiers ministres provinciaux avaient décidé de faire de ces domaines une priorité en termes d'attente.

Aujourd'hui, l'Ontario, le Manitoba et la Colombie-Britannique présentent les plus faibles temps d'attente dans les cinq domaines prioritaires. Les provinces maritimes traînent la patte. Au Québec, les patients qui doivent subir l'un des cinq traitements prioritaires attendent moins longtemps qu'il y a cinq ans. L'amélioration est surtout notable en radio-oncologie, relève l'ATA.

Seule ombre au tableau: le Québec n'utilise pas le même barème que le reste du Canada pour mesurer les temps d'attente des chirurgies de la cataracte. Alors que le Québec vise six mois d'attente, les autres provinces fixent leur objectif à quatre mois. «On ne peut donc pas mesurer les progrès du Québec qui n'utilise pas le même barème», précise le coprésident de l'ATA, le Dr Jean-Luc Urbain.

Dans les domaines jugés non prioritaires, le temps d'attente a toutefois augmenté au cours des cinq dernières années selon la majorité des médecins spécialistes canadiens. Mais il est difficile de chiffrer cette dépréciation. «Le délai qui s'écoule entre le moment où un patient est référé par un médecin de famille et celui où il est vu par un spécialiste d'un domaine non prioritaire n'est pas mesuré», dénonce l'autre coprésident de l'ATA, le Dr Lorne Bellan.

Selon lui, il est inacceptable que les citoyens ne puissent connaître leurs délais de traitement. «Quand il s'agit d'expédier un colis à l'autre bout du pays, on peut aller sur le web et savoir où il est rendu. Pourtant, dans plusieurs régions du Canada, les patients ne peuvent toujours pas savoir combien de temps ils attendront pour des interventions. Beaucoup de travail a été fait au Canada. Mais il reste encore beaucoup à faire», plaide le Dr Bellan.