La bourse Rhodes est une bourse d'étude et de recherche universitaire parmi les plus prestigieuses du monde. Certains leaders l'ont déjà obtenue, notamment l'ex-président des États-Unis Bill Clinton, pour ne nommer que celui-là. Chaque année, la Fondation Cecil-Rhodes accorde une somme d'au moins 100 000$ pour deux ans à des étudiants exceptionnels qui pourront poursuivre des études de deuxième cycle à l'Université d'Oxford, en Angleterre. Au Canada, 11 bourses sont offertes annuellement, dont seulement deux au Québec. Deux jeunes femmes qui répondent aux critères d'excellence, de détermination et de leadership viennent de l'obtenir: Léticia Villeneuve et Laurence Deschamps-Laporte. La Presse et Radio-Canada félicitent ces boursières en leur décernant le titre de Personnalité de la semaine.

Léticia Villeneuve est en dernière année au baccalauréat en relations internationales et droit international à l'Université du Québec à Montréal, alors que Laurence Deschamps-Laporte termine actuellement son baccalauréat à l'Université de Caroline-du-Nord en relations internationales avec spécialisation sur le Moyen-Orient.

On ne peut pas dire que ces deux jeunes femmes chôment! À 23 ans, elles ont une somme d'expériences qu'envieraient bien des adultes accomplis sur le plan professionnel. À Oxford, Léticia Villeneuve désire s'inscrire au programme de maîtrise en relations internationales. Elle a passé six mois en Chine pour un stage à l'Exposition universelle de Shanghaï. La ville chinoise de 17 millions d'habitants est jumelée à Montréal, avec laquelle elle entretient depuis longtemps des liens. En plus de s'exprimer en français et en anglais, Léticia maîtrise l'espagnol et le mandarin! «C'est ma troisième visite en Chine», souligne-t-elle. Trop occupée? Non. «Ce n'est qu'une question d'organisation de son temps.»

Son leadership, à partir de l'instant où elle s'investit, est souligné par de nombreuses récompenses. Elle ne s'en vante pas, elle va jusqu'à dire: «J'ai un peu de mal à réaliser que j'ai reçu la bourse, j'ai simplement tenté ma chance...»

Elle a grandi avec un principe important inculqué par ses parents: rendre service aux autres. S'investir, s'engager. Sa conscience politique et sociale la rend sensible à la question des droits de la personne. «C'est l'élément le plus préoccupant dans le monde actuellement, en plus de la perte des droits civils et de la liberté d'expression.» Elle mise sur le travail d'équipe pour parvenir à réaliser des projets au niveau international. «C'est dommage que l'on retienne en général surtout les aspects négatifs des jeunes. Des tas de projets constructifs menés par des gens de ma génération passent inaperçus.» Si la tâche à venir pour sauver le monde semble énorme, pour elle l'essentiel pour tenir le cap est de garder espoir, en regardant les choses une à une. «Des solutions existent déjà. Il nous suffit de passer à l'action.»

Ouverture sur le monde

Laurence Deschamps-Laporte aime aussi, comme Léticia, ce qui se passe ailleurs dans le monde. Son bagage académique révèle les langues et les cultures qu'elle privilégie: le Moyen-Orient en tête de liste. Elle vient de terminer un baccalauréat d'études internationales avec une concentration sur l'Islam. Elle parle couramment, outre le français et l'anglais, l'espagnol, l'allemand, l'arabe, et elle s'initie au farsi et au luganda. Et comme l'autre boursière québécoise, les expéditions en pays étrangers, les récompenses et les bourses d'études sont nombreuses. Elle planifie, organise, coordonne de nombreux événements culturels. Elle sait convaincre et assurer le leadership partout où elle s'engage.

Ses parents l'ont encouragée dans ses études, mais sans insistance. Au fond d'elle-même se développait naturellement, par ses lectures notamment, depuis l'enfance, la curiosité et l'envie d'aller voir comment tourne le monde sur d'autres terrains humains. «La diversité culturelle dans mon enfance à Repentigny, dit-elle en riant, n'était pas très présente. Je me suis rattrapée!»

Laurence est habitée par un profond respect des autres. «Pour mieux aider, il faut prendre en compte le système de valeurs qui prévaut dans le pays où on est.» Au Mali par exemple. Sa thèse de baccalauréat portait sur la planification familiale: «Comment intégrer le rôle des marabouts, ces guérisseurs vénérés, pour rejoindre les femmes et leur donner accès à la contraception».

Elle ajoute que l'art, les arts plastiques en particulier, un savoir que détiennent les femmes, est aussi un moyen de rejoindre les communautés. Laurence, qui s'intéresse à tout ce qui touche à l'art, s'est initiée à la calligraphie arabe, à la sérigraphie. Par intérêt personnel et aussi sans doute pour peaufiner ses habiletés, elle a suivi un cours de patrons pour fabriquer des vêtements.

Des projets, des projets, il y en a des centaines pour ces deux jeunes boursières. Il y a du temps aussi pour les sports de plein air. Pour la famille. Pour les amis.

Leur dénominateur commun? L'énergie. La joie de vivre.

C'est dommage que l'on retienne en général surtout les aspects négatifs des jeunes. Des tas de projets constructifs menés par des gens de ma génération passent inaperçus.