La Société de transport de Montréal (STM) a rejeté de façon catégorique hier la demande d'une société d'État chinoise qui souhaite soumissionner le contrat de remplacement des voitures du métro de Montréal.

Par l'entremise de ses avocats, la STM a envoyé une réponse sans appel à la société Zhuzhou Electric Locomotive Company (ZELC). «La position mise de l'avant ne peut être prise au sérieux», a écrit l'avocat Guy Du Pont, de Davies Ward Phillips&Vineberg.

Lundi, la compagnie ZELC a envoyé une mise en demeure à la STM afin qu'elle suspende pour deux mois les pourparlers qu'elle a entrepris avec Bombardier/Alstom depuis plus d'un an pour le remplacement des voitures M-63 et MR-73.

Dans sa mise en demeure, ZELC demande à la STM de lui envoyer davantage d'information sur le contrat. Elle lui reproche de ne pas avoir organisé un véritable appel d'offres international.

Allégations

Plus précisément, ZELC allègue que la STM n'a pas respecté le jugement rendu en janvier 2008 par la Cour supérieure du Québec, qui lui ordonnait de procéder par appel d'offres pour le contrat de renouvellement des voitures.

Les avocats de la STM, qui avaient 48 heures pour répondre à la mise en demeure, ont balayé ces accusations d'un revers de main. «Le processus suivi par la STM s'est déroulé dans ce dossier avec un rigoureux souci de transparence et d'ouverture et en conformité avec le jugement de la Cour supérieure du Québec et toutes les règles applicables», écrit Me Du Pont.

La société ZELC avait déploré qu'on ne l'ait pas mise au courant de l'appel d'offres. La STM réplique que le contrat a été affiché en bonne et due forme dans deux revues spécialisées. «Ces tactiques dilatoires et vexatoires, qui visent manifestement à faire dérailler un long processus rigoureusement mené dans le but d'assurer un service public, tiennent de l'abus», poursuit l'avocat de la STM, qui souligne que ZELC n'a démontré aucun intérêt pendant le processus d'appel d'offres.

Qui plus est, l'offre de la société chinoise ne correspond pas aux besoins de la STM, selon les avocats. ZELC a l'intention de soumettre une proposition moins coûteuse, mais les voitures seraient munies de roues d'acier, et non pneumatiques. «Au surcroît, pour accommoder ZELC, la STM devrait modifier ses infrastructures et même installer des voies ferrées sur tout son réseau», écrit Me Du Pont.

La STM soutient que la proposition de ZELC ne peut être «prise au sérieux» puisque la société n'a «ni usine, ni employé au Canada».

Une réponse «ridicule»

Glen Fisher, qui agit à titre de représentant de ZELC dans ce dossier, a qualifié de «ridicule» la réponse des procureurs de la STM. Il soutient que les infrastructures actuelles peuvent très bien accueillir des voitures dotées de roues d'acier. M. Fisher entend faire pression sur les politiciens québécois.

Rappelons que Bombardier avait d'abord obtenu le contrat en totalité en 2006, mais la Cour supérieure l'avait annulé en janvier 2008 en raison d'une poursuite d'Alstom. Les deux entreprises ont été les seules à faire une soumission commune. La STM a espoir d'annoncer une entente d'ici à la fin de l'année.

Au départ, la STM avait estimé devoir payer 1,2 milliard de dollars pour 342 voitures de métro. Elle veut maintenant 765 voitures. La facture sera acquittée par Québec (75%), la STM (12,5%) et la Ville de Montréal (12,5%).