Le service d’obstétrique de l’Hôpital de Ville-Marie, en Abitibi-Témiscamingue, est suspendu jusqu’à lundi matin en raison du manque de personnel.

Le Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Abitibi-Témiscamingue en a fait l’annonce jeudi à 19 h sur sa page Facebook.

« Les femmes concernées par cette situation ont été contactées et un corridor de service est établi avec l’hôpital de Rouyn-Noranda », peut-on lire dans le message.

Les deux établissements se situent à 130 km de distance, soit environ 1 h 30 en voiture.

Jeudi midi, une autre rupture de service avait déjà été annoncée de la même manière, cette fois au service d’urgence du centre multiservices de santé et services sociaux, qui devra fermer dans les nuits de vendredi à samedi, samedi à dimanche et dimanche à lundi, entre 19 h 30 et 7 h 30.

Cet évènement a lieu « en raison de la pénurie de ressource infirmière et du désistement de ressources infirmières issues d’agences privées », a fait savoir le CISSS.

« Veuillez noter que durant les heures de fermeture du service, les ambulances seront orientées vers le centre multiservices de santé et de services sociaux de Ville-Marie », a-t-il indiqué.

Ce n’est pas la première fois que les services de santé sont mis à mal en Abitibi-Témiscamingue. En effet, à la mi-avril l’an dernier, le même service d’obstétrique avait été contraint de fermer pendant plus de six mois.

De plus, l’urgence du Centre multiservices de Témiscaming-Kipawa avait annoncé une réduction de ses services en novembre dernier, et avait dû fermer ses portes pendant plusieurs nuits lors de la semaine du 21 mars dernier.

Le cabinet du ministre de la Santé, Christian Dubé, n’a pas souhaité commenter la situation, référant La Presse Canadienne au point de presse de jeudi matin du ministre. Il s’était alors dit préoccupé par le fait que 13 000 travailleurs de la santé manquaient à l’appel à cause de la COVID-19 et avait anticipé que « ça va être difficile dans les urgences dans les deux prochaines semaines », mais que le réseau tiendrait bon. Il n’avait pas abordé la situation en Abitibi-Témiscamingue.

L’opposition appelle à l’action

La députée solidaire de Rouyn-Noranda–Témiscamingue, Émilise Lessard-Therrien, a rappelé que la situation n’est pas inédite : en décembre dernier, pendant une rupture de service de l’hôpital de Senneterre, un homme était décédé avant d’avoir pu accéder aux urgences de l’hôpital d’Amos, deux heures après avoir appelé le 911.

Avec la fermeture actuelle des urgences, « les gens qui sont en situation de besoin vont être transférés à l’hôpital de Ville-Marie, qui est à une heure de route […] dans un territoire forestier, avec présence d’orignaux sur les routes, présence d’animaux, pas toujours beaucoup de signal cellulaire », a-t-elle dit, craignant pour la sécurité des patients. Et pour les femmes enceintes qui devraient faire un chemin semblable de Ville-Marie à Rouyn-Noranda. « Il y a toujours un risque d’accouchement dans la voiture. »

Les trois principaux partis d’opposition ont tous réclamé la même chose : que les travailleurs de la santé de la région aient droit à un statut particulier qui leur donne accès à de meilleures conditions de travail, ce qui pourrait selon eux attirer de la main-d’œuvre.

« Ce n’est pas la première fois ni la dernière fois que le ministre de la Santé voit des lumières rouges venant de la région », a commenté le porte-parole libéral en matière de santé, Monsef Derraji.

Interrogé sur le plan de refonte du système de santé, il a répondu que « la réforme de santé du ministre Dubé ne règle pas aujourd’hui le problème de l’obstétrique à Ville-Marie, ne règle pas le problème de l’urgence de Témiscamingue-Kipawa », appelant Québec à poser des actions rapides et concrètes.

Il a fait valoir que cela coûterait quand même moins cher que de payer des infirmières d’agences privées.

Le porte-parole péquiste, Joël Arseneau, a lui aussi martelé l’importance de solutions structurantes pour régler le problème à sa source, au lieu d’utiliser des « solutions à court terme ».

Il a proposé « de créer une instance, un comité qui regroupe les gens du terrain, la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, les infirmières, les gestionnaires du CISSS et des élus locaux » pour se pencher sur la question.

Mme Lessard-Therrien, elle, a ajouté que bonifier les stages dans la région, en aidant à financer le logement ou les déplacements des stagiaires par exemple, contribuerait à attirer des infirmières.

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles.