« C’est un moment historique », a dit le maire d’Asbestos, Hugues Grimard, en annonçant lundi après-midi que ses citoyens souhaitent que leur ville soit renommée Val-des-Sources au terme d’un vote préférentiel.

Ce nom a récolté 51,5 % des voix après trois tours. L’appellation Trois-Lacs est arrivée deuxième avec 26,6 % des voix, devant Larochelle avec 9,9 %, puis Jeffrey-sur-le-Lac à 8,5 %. L’Azur-des-Cantons a été éliminé au deuxième tour et Phénix au premier.

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Le maire d’Asbestos, Hugues Grimard

Dès le premier tour, le nom Val-des-Sources menait largement avec 48,3 % des votes. « C’est majeur. On voit qu’il y avait une adhésion collective », a soutenu le maire, se disant très heureux que le nom retenu plaise aux citoyens.

« C’est un nom représentatif de notre milieu et surtout inspirant pour l’avenir, a-t-il affirmé. Val-des-Sources, c’est la fusion de notre paysage et de nos racines. C’est l’horizon vallonné qui puise son charme à différentes sources. »

Asbestos avait annoncé il y a près d’un an avoir l’intention de se défaire de la connotation négative de son nom qui signifie amiante en anglais, ayant relégué l’industrie aux oubliettes après la fermeture de la mine Jeffrey en 2012.

Le changement de nom, « ça fait 30 ans qu’on en parle », a noté le maire en point de presse. « On le fait pour les générations futures », a-t-il ajouté, estimant que la municipalité met en place des « conditions favorables » à son développement.

« C’est impossible avec tout ce qu’on a fait en matière de diversification économique qu’il n’y ait pas de quartiers qui se sont levés. La valeur des maisons n’a pas augmenté beaucoup au cours des dernières années. »

Peu importe le nouveau nom, « on va souvent dire : “On vient d’Asbestos” », résume Claude Carrière qui a été contremaître « au fond de la mine » pendant 11 ans.

Comme presque chaque jour, l’ancien mineur, aujourd’hui âgé de 79 ans, sirotait lundi après-midi un café avec d’autres amis qui ont aussi travaillé dans la fameuse mine. Il confie avoir finalement voté pour Trois-Lacs.

À ses côtés, Alain Vaillancourt, un ancien journalier, a préféré Val-des-Sources. « Mets-en », que le changement de nom était le principal sujet de discussion en ville au cours des dernières semaines, confirme-t-il.

Tous deux ont un pincement au cœur de voir leur ville changer de nom. « On a grandi là-dedans », disent-ils en chœur.

Entre deux rires, Alain évoque ses « vacances à Cuba en 1981 » où une serveuse a reculé lorsqu’il lui a dit de quelle ville il venait. « Elle ne m’a pas parlé du reste de mes vacances ! C’est le mot qui fait peur, pas le monde. »

Et voilà qu’un autre ex-mineur vient les rejoindre. « Moi, j’ai voté Jeffrey-sur-le-Lac », lance André Lauzière, pour qui ce nom, inspiré du nom du premier propriétaire de la mine, rappelle ses 39 années comme opérateur de camions.

Les trois hommes auraient préféré que la ville continue de s’appeler Asbestos, mais ce nom « effraie beaucoup de monde », constate Claude, qui espère que de changer de nom permettra l’épanouissement économique de sa ville.

Près d’un électeur sur deux (48,2 %) s’est prévalu de son droit de vote pour choisir le nouveau nom de la ville, soit un taux de participation plus faible que celui des quatre dernières élections municipales où il s’est situé en moyenne à 54,8 %, selon des données fournies par le directeur général d’Asbestos.

La municipalité de l’Estrie a révélé que 2796 votes ont été enregistrés lors du scrutin qui se déroulait de mercredi à dimanche. Les résidants âgés de 14 ans et plus ainsi que les propriétaires d’Asbestos avaient droit de vote.

Le maire a dévoilé le nouveau nom lors d’une séance extraordinaire du conseil municipal en fin d’après-midi où le seul point à l’ordre du jour était le changement de nom de la ville.

Lors de l’annonce du résultat, une résolution a été adoptée pour demander officiellement le changement de nom à la Commission de la toponymie, enclenchant du même coup le processus légal au cours duquel des citoyens pourront envoyer un avis d’opposition.

Ce sera ultimement la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation qui devra trancher, a indiqué le maire qui souhaite pouvoir annoncer officiellement le changement de nom au mois de décembre. « Ça ferait un beau cadeau de Noël d’avoir notre nouvelle appellation », a-t-il résumé.

Le processus de changement de nom avait commencé par une séance d’information en début d’année. La population a ensuite été sondée sur les critères qui devraient guider le choix du nouveau nom et près de 1000 suggestions de noms ont été récoltées. En septembre, les élus avaient dévoilé une première liste de noms, mais elle a été revue deux semaines plus tard à la lumière des critiques.

Le coût de la démarche de changement de nom a été évalué par la Ville d’Asbestos à environ 100 000 $.